Verdun
La bataille de Verdun est sans doute celle qui a le plus marqué la mémoire des Français, le symbole de toute l'horreur de cette guerre.
L’offensive allemande débute le 21 février 1916, à 7h30, un déluge de feu s'abat sur les forts et les tranchées de Verdun. Plus de deux millions de bombes y sont lancées dans les premières quarante-huit heures. L’objectif des Allemands est d’anéantir les troupes françaises, et d’en finir avec la guerre de positions qui dure depuis septembre 1914, et la bataille de la Marne. Les attaques se renouvellent pendant plusieurs mois ; elles sont contenues par les troupes françaises, au prix de pertes colossales. Les deux tiers de l'armée française, par rotations successives, et afin de renouveler les troupes, connaissent l'enfer de Verdun. Des villages entiers sont détruits, les champs sont labourés par les obus, l’air est vicié par les gaz toxiques, les bois disparaissent, pour laisser place aux cratères et aux tranchées dans lesquels se terrent les survivants. La ligne de front ne cesse de bouger mais ne cède pas.
La bataille dure 10 mois et s’achève le 16 décembre 1916 à l’avantage des Français.
Les pertes sont immenses. Les soldats morts, blessés ou disparus sont estimés à 379.000 du côté français et à 335.000 du côté allemand.
Les carnets de Louis Boyer, malgré la brièveté des textes, illustrent l’épuisement des soldats et le poids de la fatalité qui pèse sur eux. Ils évoquent également l’importance des détails de la vie quotidienne, en premier lieu la nourriture et les lettres, pour « tenir ».
Des témoignages à découvrir
A Verdun
A la Vaux Régnier et Bois Fumin. Bombardement très, très violents pendant 18 heures. Des quantités de pertes, ainsi que le cher sous-lieutenant Régnon.
Demain le 413e d’Infanterie de la 154e Division vient relever le 1er bataillon du 29e.
Temps très chaud.
Comme nourriture singe et chocolat.
Ma division, la 16e, est de la défense de Verdun, groupement E, commandant de ce groupement le général Paulinier
Départ du bois de la Vaux Régnier (Verdun) vers 3h m.
Je passe par le boyau de l’étang, le tunnel et la piste du fort de Belrupt, puis je vais à Haudainville.
Il fait très chaud. Je suis tellement fatigué, on peut dire anéanti. Le long du chemin les obus nous tombent tout près. Les morts gisent sur le sol. Nachon me donne 5 lettres datées 22, 23, 25, 26 et 27 juillet. Maman ne m’a pas écrit le 24. Ce soir à 20h, départ pour Ambly en passant par Rattencourt et Génicourt. 13km200
[extraits d’une lettre de Joseph, reçue aujourd’hui par François]
6 août 1916
…
Arrivé depuis 8 jours au cœur de la fournaise, j’ai fait partie de la reconnaissance qui est venue le 30 juillet reconnaitre les emplacements des batteries, des échelons, des postes d’observation, téléphones… - puis j’ai laissé les autres officiers sur la position et j’ai cherché les voies d’accès les plus commodes et les moins en vue pour amener tout le monde en place. Dans la nuit du 31 au 1er août j’ai mené toutes les fractions du groupe à leurs postes respectifs et ai été assez heureux pour ne perdre ni un homme, ni un cheval, malgré le bombardement violent
Depuis, nous avons eu de violents combats, avec des alternatives d’avance et de recul, dans Fleury. Deux de nos régiments d’infanterie : le 41e colonial et le 413e ont déjà perdu 60% de leurs effectifs et vont être changés. Les 3 autres régiments ont un peu moins souffert.