Femmes en guerre
La guerre engendre une certaine désorganisation sociale, les hommes étant partis sur le front, les femmes sont appelées à les remplacer à l’arrière.
Les femmes se mobilisent pour assurer la production agricole, construire le matériel de guerre, soigner les blessés, accueillir les réfugiés, assurer les transports, acheminer le courrier… On estime qu’en septembre 1918, 142.000 femmes travaillent dans les usines d’armement de la région lyonnaise, telle la Halle Tony Garnier reconvertie en usine de munitions.
La réorganisation de la société, envisagée comme temporaire, a ouvert aux femmes des espaces de liberté, une possibilité de vivre différemment, de façon plus autonome. Elle a également engendré un sentiment de perte de pouvoir chez les hommes. Une fois la paix revenue, cette situation nouvelle nourrit pour beaucoup un ressentiment contre les femmes, leur reprochant d’avoir profité de la vie pendant que les hommes se faisaient casser la gueule (selon l’expression répandue à l’époque). L’animosité face aux changements de repères sociétaux s’exprime par le développement d’une littérature misogyne et par l’augmentation des demandes de divorce.
Des témoignages à découvrir
« Emploi des femmes dans l’armée
Lyon – le dépôt du 6e régiment d’artillerie à pied demande des femmes pour tenir des emplois de dactylographes, d’infirmières, manutentionnaires au magasin d’habillement, tailleurs, secrétaires, cuisinières, filles de cuisine [suit une longue liste de demandes de même nature émanant de divers corps].
D’autre part, j’ai fait route hier, pour la première fois, sur un tram de la ligne Perrache-Parc conduit par une wattwoman qui faisait ses débuts, sous la surveillance d’un wattman expérimenté ! »
« Délit inédit. La femme canon
Parmi les arrestations du jour, je relève la suivante, dont le motif n’est pas banal :
- Marie J..., femme B…, 41 ans, pour avoir jeté sur la tête de son contre maître un obus de 775, qui lui a causé une blessure assez sérieuse, furieuse qu’elle était de son renvoi de l’usine de matériel de guerre, avenue Leclerq, où elle était occupée comme journalière. » an expérimenté ! »