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Prisonniers

Dessin de guignol en poilu

10 millions de personnes, militaires et civiles, ont été capturées et internées dans des camps de détention pendant la Première Guerre mondiale. Ce phénomène massif a concerné environ 600 000 Français.
Lorsque la guerre éclate, la définition du prisonnier de guerre est encore floue. Les conventions de La Haye de 1899 et de 1907 indiquent que les combattants et les non-combattants doivent être considérés comme prisonniers de guerre. Ceux-ci appartiennent temporairement au pouvoir du gouvernement de l’armée qui les a capturés, soumis à ses lois et règlements, mais doivent être traités avec humanité. Ils peuvent être internés mais non enfermés, si ce n’est par mesure de sécurité indispensable. L’Etat capturant les prisonniers peut les utiliser économiquement, en les faisant travailler contre rémunération, excepté pour des travaux en rapport avec les opérations de guerre.
Après leur capture, les prisonniers de guerre sont acheminés à pied ou en wagons à bestiaux en Allemagne ou en territoire occupé, vers quelque 120 camps allemands. Les soldats, affectés dans des Kommandos de travail, remplacent les Allemands dans les tâches quotidiennes, perçoivent un salaire inférieur à celui d’un ouvrier, subissent la faim, les maladies et les punitions. Les conditions de vie sont très dures et environ 20 000 prisonniers de guerre français meurent en Allemagne pendant le conflit.

A l’arrière, des associations s'organisent pour envoyer des colis de vivres et de vêtements aux prisonniers. A Lyon, l’œuvre municipale de secours aux prisonniers de guerre, présidée par Blanche Herriot, est très active.

Du fait de l’importance de leurs réseaux ferrés et hospitaliers, Lyon et Constance (en Allemagne) ont été choisies par la Suisse et le Comité international de la Croix-Rouge pour recevoir l’échange des prisonniers de guerre entre Etats belligérants.

En quatre ans, 161 convois ferroviaires officiels de prisonniers de guerre, des grands blessés essentiellement, arrivent à la gare des Brotteaux, sans compter les arrivées de rapatriés isolés. On estime ainsi les rapatriés à plus de 66 000. L’arrivée des convois est l’occasion d’organiser de grandes cérémonies patriotiques, replaçant les prisonniers au sein de la nation.

 

Des témoignages à découvrir

Carnet autobiographique du soldat Rossignol 24 avril 1918 - 1ii/593
Carnet autobiographique du soldat Rossignol 24 avril 1918 - 1ii/593


24 avril 2018

Les Boches sont là ; sidérés nous levons les yeux sur leurs silhouettes casquées qui dominent la tranchée, leurs bras nous menacent de revolvers et de grenades, leurs gestes font que nous nous déséquipons… Nous sommes pris. On saute sur le terrain, peu lucides, nous traversons en courant le champ de bataille ou (sic) montent des compagnies boches bien alignées, des obus nous courbent au sol, nous franchirons ainsi à demi conscients tout le plateau, une demi-heure après nous atteindrons Moreuil où sévit le bombardement français. Des boches nous canalisent, nous groupent et nous rassemblent dans la cour d’une ferme où flotte un drapeau de la Croix-Rouge. Il est huit heures du matin. Me voici prisonnier de guerre. La guerre est finie pour moi.

Lettre de Guy Aroud à sa mère 15 mai 1916 - 1224wp/14
Lettre de Guy Aroud à sa mère 15 mai 1916 - 1224wp/14


le 15 mai 1916 de Russie près Vilna

Tu m’excuseras ma petite mère de t’avoir laissée si longtemps sans nouvelles, mais nous sommes en ce moment en Russie où nous devons être astreints à des travaux très durs, dès demain.
Nous sommes 1500 adjudants, sous-officiers ou intellectuels parqués dans un petit enclos où se dresse un mauvais hangar, notre hôtel. Quoique la rivière soit à 100 mètres nous n’avons qu’à
peine d’eau, ce qu’il en faut pour boire. Quant à la nourriture !!!
J’espère que nous pourrons recevoir des colis. Nous sommes ici nous dit-on parce que des prisonniers allemands sont au Dahomey ou ailleurs. N’importe nous n’avons pas perdu notre gaîté. Fais connaître cette carte à M. Herriot et accepte mille baisers en russe.

Lettre de Paul Foulhioux à Alfred 6 juillet 1917 - 1229wp/14
Lettre de Paul Foulhioux à Alfred 6 juillet 1917 - 1229wp/14


Paris, 6 juillet 17

Mon cher Alfred,

je reçois à l’instant une lettre de mon
frère datée du 8 juin 1917 m’apprenant son départ pour Maubeuge, en compagnie de plusieurs centaines de prisonniers
Français, Anglais et Russes dirigés vers les premières lignes Allemandes ils vont faire des tranchées c’est vous dire que seuls les condamnés à morts sont conduits à ces endroits.
Mon frère me prie de vous dire de ne plus faire d’expédition de colis et vous transmet ses remerciements pour les bontés que vous avez eues pour lui. Aux remerciements de mon frère je joins les miens.

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