Premières lignes
Avec le creusement des tranchées à l’automne 1914, le Front est aménagé en « lignes » successives. La première ligne est la zone directement en face des lignes adverses, c’est la zone la plus dangereuse.
La communication entre les différentes lignes se fait par des "boyaux". Chaque ligne est une suite continue de tranchées ou de fortins. L’ensemble des lignes constitue une position.
Les soldats restent généralement peu de temps en première ligne (environ une semaine) sauf lors des grandes batailles qui amènent les soldats à rester plus longuement en ligne. Les conditions matérielles, empirées par la mauvaise météo, le danger, et le poids psychologique, sont épouvantables. Il est assez rare que les soldats parlent de cet aspect le plus éprouvant de la guerre dans leurs lettres, de peur d’être incompris et afin de ne pas inquiéter leurs proches.
Ils l’abordent quelquefois de façon détournée voire désinvolte. Les soldats décrivent plus facilement cette vie en première ligne dans leurs carnets.
Des témoignages à découvrir
Cette citation me remet en mémoire une anecdote qui m’a été rapportée par mon frère François :
Sur le front de (?) une mitrailleuse allemande sous abri blindé gênait considérablement nos troupes et leur interdisait une avance urgente. Un Lyonnais se glisse en rampant à proximité et, du premier coup, envoie dans la meurtrière une grenade qui démolit l’engin et pulvérise les servants.
Au général qui le félicitait de son adresse, le poilu répondit : « oh ! mon général, ça me connait je suis du Clos Jouve. » Le général n’a pas compris.
[le quartier Clos Jouve, situé à la Croix-Rousse, était réputé pour ses terrains de Boule lyonnaise].
12 décembre 1916
Somme. En 1ère ligne en avant de Berny, Péronne se trouve sur la gauche. Il pleut, il fait très froid.
Bombardement. J’ai relevé le 351 d’Infanterie du 2 ème corps.
Je suis en batterie en 1 ère ligne.
Les obus tombent très près de la pièce, la pièce est à charger.
La tranchée s’éboule sur nous, ce ne sont pas des tranchées. On s’enlise, il y a de la boue jusqu’au ventre.
Soupe la nuit et ceux qui vont à la soupe apportent les lettres. Je reçois 2 lettres de maman datées du 7 et 8 décembre.
mercredi 19 décembre 1917
En ligne au Four de Paris, Argonne. Je suis en batterie dans le réduit A.2, sur la droite du ravin des Meurissons. A 4h35 du matin l’ennemi veut attaquer, mais ne peut avancer, puis à 6h20m, l’ennemi essaye d’attaquer encore une deuxième fois, mais il échoue encore, aussi les mitrailleurs tiraient sans arrêt, et ma pièce fît un tir continu et sans arrêt, elle tira 100 bandes de 24 cartouches Hotchkiss, les grenadiers lancèrent des quantités de grenades, notre artillerie tirait aussi, mais l’artillerie ennemie fût violente. Le Lieut. Virlot comdt la CM1 est blessé au visage et Péguy contusionné. Il y eût quelques pertes dans le bataillon, ainsi qu’au 3e bataillon.
Le général Sérot Almérals Latour, cdt la 169e DI vint dans la journée au PC bataillon Meurissons vers le commdt Guétron. A 14h il y a fallut que nous allions nous ravitailler en bandes cartouches Hotchkiss vers l’adjudant Philizot à La Mitte (temps sombre et froid).
(Suite page de droite en haut)
Pendant les 2 attaques ce fût le caporal Saboureau tireur et Rimaux chargeur qui firent marcher le 2e pièce de la 2e section Sergent Sochet.
(Suite sur le haut de la page de gauche)
Dans ma sape avec le Sergent Marcel Sochet de Bourges, le caporal Saboureau et les camarades nous racontons des histoires extraordinaires.