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Lyon, attaquée ?

Dessin de guignol en poilu

Si Lyon est loin des premières lignes et que l’angoisse principale des Lyonnais restés à l’arrière est de voir mourir un proche au front, il n’en reste pas moins une angoisse sourde, celle de voir la ville attaquée par les Allemands.

Le moindre incident et l’absence d’information immédiate à leur sujet, à l’exemple des exercices de tirs de l’armée en septembre 1915 ou de l’explosion accidentelle de l’usine de poudre de Vénissieux en 1918, engendrent des inquiétudes très vives parmi les habitants.

Les Lyonnais craignent tout particulièrement l’attaque de zeppelins allemands en mars 1916 comme représailles à l’ouverture de la Foire de Lyon, en concurrence directe avec la foire de Leipzig. Barthélémy Mermet, qui note régulièrement dans ses carnets les attaques de zeppelins contre Paris ou Londres, s’en préoccupe tout particulièrement.

Par ailleurs, certaines mesures préventives, comme l’extinction de l’éclairage public après 21h ou la mise en place d’alertes en cas d’attaque aérienne, inquiètent la population et favorisent la circulation des rumeurs les plus extravagantes : l’une d’entre elles, au début 1917, prédit que la guerre se terminerait dans les plaines de Saint-Fons !

 

Des témoignages à découvrir

Lettre d'Antoine Gautier à sa femme Jeanne Beauvais, 1er janvier 1917 - 267/ii1
Lettre d'Antoine Gautier à sa femme Jeanne Beauvais, 1er janvier 1917 - 267/ii1


Beauvais, le 1er 1 1917

Ma petite femme chérie,

Je viens de recevoir la lettre du 27 courant avec la lettre de monsieur Besset.

Mais ma pauvre cocotte ne te tourmente donc pas autant de l’invasion des boches par la Suisse, d’abord ce n’est pas chose faite, ensuite ils ne veulent pas venir d’un seul jour sans qu’on essaye de les arrêter, maintenant ne crois pas qu’ils se dirigeront directement sur Lyon, ils iront avant sur Dijon, Autun etc – mais cela ne commencera pas avant le mois de mars ou fin février par ce que la Suisse est un pays trop montagneux pour l’attaquer en plein hiver ; donc j’irai en permission avant que tu déménages et je pourrai t’aider à tout préparer si besoin en était.

Cependant, je ne crois pas à aucune attaque de ce côté et je crois que tu as tord (sic) de te tourmenter. Quant à la prédiction qui dit que cela se finira dans les plaines de St-Fons, ce n’est pas l’Antécriste (sic) qui l’a dit car il dit que cela se terminerait en Wesphalie et je […] qu’il ait raison.

Carnet de Barthélémy Mermet 17 février 1916 - 253ii/91
Carnet de Barthélémy Mermet 17 février 1916 - 253ii/91


En cas de menace aérienne Monsieur le maire de Lyon nous communique la note suivante : « il est rappelé au public qu’en cas de menace aérienne contre les villes, la population est aussitôt que possible prévenue par les sonneries de clairons « garde à vous » et de cloches. En ce cas, les rassemblements sur la voie publique sont interdits. La fin de l’alerte est indiquée par la sonnerie la « berloque ».

(Cette note laconique et de forme anodine, glissée modestement dans le corps de la chronique locale, n’a pas passé (sic) inaperçue dans la population. Chacun voit dans cet avis la preuve que les autorités craignent de voir les zeppelins venir apporter, sous forme de bombes, la carte de Leipzig à l’Exposition de Lyon.

Quoi qu’il en soit, cette éventualité redoutable soulève dans le public plus de curiosité que de crainte et je pourrais, sans chercher bien loin, citer au moins une demi-douzaine de gracieuses jeunes filles qui souhaitent ce spectacle à l’égal d’un feu d’artifices sans précédent).

Carnet de Barthélémy Mermet 20 octobre 1917 - 253ii/190
Carnet de Barthélémy Mermet 20 octobre 1917 - 253ii/190

Ce matin vers 7h1/2, en me rendant à l’usine, j’ai aperçu, du haut du tramway de Monplaisir, un dirigeable. Je n’en avais encore jamais vu. Il devait être à une grande hauteur (2000 m au moins) car il ne paraissait pas plus gros que mon petit doigt. Il se détachait en blanc sur le gris du ciel et survolait le sud de Lyon, paraissant se diriger vers l’Est. Au bout de quelques minutes il était hors de vue. J’étais loin de me douter que ce dirigeable, curieusement suivi de l’œil par des groupes de passants, massés à tous les carrefours, était un boche. 

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