De l'image à la marque
Lyon, ville internationaleDe l'image à la marque
Le retour des grands événements internationaux
Pendant le mandat de Raymond Barre (juin 1995-mars 2001), la politique municipale s’oriente vers l’accueil de grands événements internationaux comme le G7, la conférence mondiale de l’ONU sur le commerce et les échanges (1997) ou encore l’organisation de matchs de la Coupe du monde 1998.
Désormais, Lyon ne souhaite plus se donner l’image d’une « ville de foires » (la Foire est d’ailleurs délocalisée sur le site d'Eurexpo), mais plus généralement comme une « ville de salons » [R. Payre].
Au tournant du XXIe siècle, si la politique de Gérard Collomb est davantage tournée vers les réseaux de villes européens, les grands événements restent toujours importants aux yeux des élus lyonnais. Et ce sont surtout les événements culturels qui se multiplient. Ils deviennent de plus en plus réguliers, de plus en plus importants. Ils font rayonner le Grand Lyon à l’échelle internationale.
En 1852, l’on prévoit d’inaugurer la statue de la Vierge bâtie sur le clocher rénové de la chapelle située sur la colline de Fourvière. (Chapelle qui est ensuite remplacée par la basilique Notre-Dame de Fourvière, inaugurée le 16 juin 1896.) La statue est d’une taille considérable (5,6 mètres et environ 3 tonnes). De sa hauteur, elle doit permettre à la ville de Lyon tout entière de bénéficier de la protection de la Vierge. Deux événements empêchent l’inauguration.
- La statue doit être installée le 8 septembre 1852, mais la Saône est en crue. L’atelier du fondeur est inondé. L’inauguration est reportée au 8 décembre de la même année.
- Le 8 décembre venu, le maître de la cérémonie fait le choix de reporter encore une fois l’événement, du fait des intempéries. Mais le ciel se découvre vers 8 heures du soir. Si les festivités religieuses et civiles sont maintenues au 12 décembre, les habitants sortent dans les rues et illuminent leurs habitations.
La fête des Lumières est née. Une fête qui se revendique populaire et qui, aujourd’hui, connaît une renommée internationale (surtout européenne et moyen-orientale) et attire plus de 2 millions de visiteurs chaque année.
La biennale de danse est créée en 1984, par Guy Darmet. De septembre à janvier, des spectacles et des défilés ont lieu. Il s’agit d’un programme bisannuel, qui se déroule toutes les années paires. Les années impaires, il est remplacé par la biennale d’art contemporain, fondée en 1991 par Thierry Raspail et Thierry Prat.
En 2011, l’association prend le nom de « La Biennale de Lyon ».
Des artistes du monde entier sont conviés pour participer à l’événement (pays d’Afrique, d’Europe de l’Est, d’Asie etc.). Environ 120 artistes sont présents chaque année, en provenance de plus de 50 pays différents. L’objectif est de montrer que l’art contemporain ne se limite pas à l’Occident.
L’événement est ainsi connu à l’échelle internationale et, par exemple, pour sa 15e édition, la biennale d’art contemporain a attiré 273 800 visiteurs.
Cependant, cette politique connaît aussi des échecs. Par exemple, les candidatures déposées pour accueillir les Jeux olympiques (jusqu'en 2004) et recevoir le titre de capitale européenne de la culture sont toutes les deux refusées.
Un riche patrimoine culturel
C’est également avec l’arrivée de Raymond Barre que la question du tourisme est sérieusement considérée. Ce sont notamment les éventuels apports économiques liés à la mise en valeur du Vieux Lyon qui sont envisagés. En 1996, à l’occasion des 50 ans de l’association Renaissance du Vieux Lyon (présidée par Régis Neyret), Frédérico Mayor, directeur de l’Unesco et ami de Raymond Barre, est représenté par Azzedine Beschaouch, chargé de mission à la Délégation culturelle de l’Unesco. À partir de cet événement, Raymond Barre lutte pour faire inscrire le centre historique de Lyon sur la liste du patrimoine mondial. Son travail porte ses fruits en décembre 1998, alors que le Vieux Lyon n’était, à l’origine, pas inscrit sur les listes indicatives.
À partir de 1998, donc, le patrimoine culturel devient un outil de la politique international de Lyon. Il permet de propager la culture de la ville à l’étranger, tout en nouant des relations bilatérales avec d’autres grandes villes du monde. Par exemple, en 2008, un contrat est signé entre la société dubaïote Emivest et plusieurs institutions lyonnaises pour créer à Dubaï un nouveau quartier, qui « reproduit l’atmosphère de la ville de Lyon » [R. Payre].
L'immigration au service du Grand Lyon
Si la population lyonnaise diminue approximativement de 11 % entre 1975 et 1982, la ville est aujourd’hui totalement intégrée dans le processus de mondialisation. Dès les années 1990, en effet, la croissance démographique devient un objectif majeur des élus. De nouvelles populations arrivent sur le territoire lyonnais. On parle alors de renouvellement démographique.
Ces populations en question sont d’origines diverses. En 2008, on compte 13,2 % d’immigrés, dont beaucoup sont originaires du Maghreb et d’Europe méridionale. Ils s’installent à proximité de la place du Pont (place Gabriel-Péri) ou dans les 8e et 9e arrondissements, sinon dans les communes à l’est de l’agglomération.
Certains d’entre eux maintiennent un « noyau militant » [A. Flamant], qui défend les populations étrangères.
Les autorités municipales jouent de la présence de ces populations étrangères pour conférer à Lyon une image de « ville humaniste » [A. Flamant]. La politique culturelle des élus ne s’intéresse donc pas uniquement au patrimoine matériel : ils cherchent également à mettre en avant le patrimoine immatériel des différentes populations qui vivent à Lyon.
Selon la définition donnée par le ministère de la Culture, le patrimoine culturel immatériel (PCI) renvoie aux pratiques et savoirs dont chacun hérite en commun, et qu'il s'efforce collectivement de faire vivre, recréer et transmettre. C'est un patrimoine vivant, témoin de la diversité culturelle.
« ONLYLYON »
Au tournant des années 2000, le Grand Lyon se détache progressivement des organisations privées pour développer « une logique de branding » [A. Healy]. Autrement dit, Lyon ne vend plus ses innovations et équipements, elle se vend elle-même comme une marque. Un slogan est mis en place : « ONLYLYON », sur le modèle de « I love Amsterdam ».
Une véritable politique de promotion se met en place. Des ambassadeurs communiquent sur Lyon à l’étranger.