Travailler
Pour pallier le manque de formation de la main d’oeuvre féminine, la mécanisation se développe. Désormais, les ouvrières rivées à leur poste accomplissent une seule tâche, à répéter toute la journée. Dans l’industrie du textile, les tâches nécessitent de la finesse. Les travaux plus lourds, comme le débourrage des obus, se révèlent moins adaptés et la productivité s’en ressent. Malgré un salaire relativement élevé, les ouvrières de guerre, épuisées, sont souvent victimes d’accidents du travail et de maladies infectieuses. On relève plus de 210 000 accidents en 1917, dans la métallurgie. La mobilisation industrielle des femmes a suscité des résistances : on parle de la perte morale des femmes et on considère l’ouvrière comme une mauvaise mère, responsable de la hausse de la délinquance juvénile.
A l’usine Lumière, où je travaille, la physionomie a bien changé. Les 2/3 au moins du personnel hommes sont partis. Il ne reste que les tous jeunes gens, les vieillards et les infirmes ou réformés. Le service des expéditions est forcément suspendu faute de tout moyen de transport. La correspondance est à peu près nulle et les dactylographes ont tout leur temps pour pleurer, ce dont elles ne se font pas faute.
Barthélémy Mermet, 3 août 1914