Du Front à l'Arrière, de l'Arrière au Front
Issu du vocabulaire religieux, le terme de marraine est associé avec l’accompagnement moral et éventuellement matériel. En 1915, avec l’enlisement de la guerre, des associations de marrainage, souvent religieuses telle la Famille du soldat, voient le jour pour adoucir la solitude des mobilisés isolés ou originaires des départements envahis. Les premières oeuvres sont morales et patriotiques et les marraines sont considérées comme des mères ou des soeurs.
Très vite, le marrainage échappe au contrôle des associations fondatrices et le devoir patriotique à caractère familial se sentimentalise pour se transformer en un flirt épistolaire entre jeunes hommes et jeunes femmes qui se conclut dans certains cas par le mariage. Par la suite, ce devoir patriotique est pris en charge par la presse, uniquement pour sa rentabilité (deux francs en 1916 à quatre francs en 1918), sous forme de petites annonces de mobilisés en quête d’adoption.
On ouvre les lettres qui viennent du front et on supprime tout ce qui a trait aux mouvements militaires. Une dame aurait reçu de la Place l’enveloppe (vide) d’une lettre de son mari, avec la mention : « votre mari se porte très bien, mais il est trop bavard ! »
Barthélémy Mermet, 20 août 1914