700 ans d'histoire
Un texte fondateur
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document(s)remarquable(s)
Les mille mues des archives
Ou comment passer de quelques parchemins dans un coffre à 17 kml de dossiers sans être gêné aux entournures...
Conserver les archives de la Ville pour garantir la preuve des droits de la communauté et gérer ses biens est une préoccupation fort ancienne de la municipalité lyonnaise.
Les archives ambulantes
En 1320, la communauté des habitants de Lyon obtient certaines franchises et privilèges qu’elle réclamait, dont la possibilité de se réunir, d’élire des représentants, d’établir des taxes… et d’avoir des archives. À cette époque, les archives sont réduites au volume d’une « arche », c’est-à-dire d’un coffre.
En 1336, ses libertés et ses franchises sont recopiées dans les deux gros volumes d’un cartulaire par le conseiller Etienne de Villeneuve.
Jusqu’au milieu du XVIIe siècle et l’achèvement de l’Hôtel de ville, les archives ont accompagné l’assemblée municipale dans ses nombreuses pérégrinations.
Elles ont ainsi pu bénéficier de locaux et de mobilier spécifiques. Prenons quelques exemples.
- Au XIVe siècle, l’assemblée municipale n’avait pas encore de « maison commune ». Les archives, d’abord confiées à la garde de plusieurs conseillers, furent réunies pour être entreposées dans la chapelle Saint-Jacquême, au sud-ouest de l’église Saint-Nizier. Berceau de la commune lyonnaise, la chapelle fut démolie par la Révolution. Les archives y étaient conservées dans des coffres qui servaient aussi de sièges aux conseillers : les archebancs.
- En 1477, les « archebans fermés à clef [sont faits] de bon noyer bien assaisonné et bien ovrez ». Une commande d’une « dozeyne de bales pour metre et trier les lettres des arches » au mercier Jean Le Petit-Jean complète l’installation en 1481.
- Les archives suivent ainsi l’assemblée municipale dans ses différents lieux de réunion : à l’Hôtel de Balmont, rue Longue (1464), à l’Hôtel de Milan, rue Grenette (1569), à l’Hôtel de la Couronne, rue de la Poulaillerie (1604).
À l’Hôtel de Ville
Les archives se stabilisent avec le conseil à l’Hôtel de Ville en 1652.
La salle qui figure sur le plan de Simon Maupin de l’Hôtel de Ville en 1651 est organisée, dit la légende du plan, pour « l’échantilage et les archives au-dessus ». C’est une pièce voûtée décorée d’armoires équipées de tablettes et chevilles auxquelles étaient pendus les sacs d’archives Elle servait à la fois pour le stockage des archives et pour leur consultation.
La pièce était fermée par une porte de bois blindée de métal et munie de trois clés. Cette porte, à la fois gardienne du trésor et permettant l’accès à la connaissance, est aujourd’hui mise en valeur dans le hall des « Nouvelles Archives » à Perrache.
La fin de l’Ancien Régime est une période propice : confection de reliures en cuir pour protéger les documents, nomination d’un archiviste attitré, début d’ouverture à la recherche historique.
La salle des archives est transformée en salle à manger lors de la restauration de l’Hôtel de Ville de 1857 à 1866 par Tony Desjardins. Elle porte encore aujourd’hui le nom de « Salon des anciennes archives ». Les archives, quant à elles, ont alors déménagé dans les combles de l’Hôtel de Ville.
Au Palais Saint-Jean
En 1934, les archives anciennes quittent l’Hôtel de Ville pour le Palais Saint-Jean. L’ancien palais de l’archevêque de Lyon, datant du XVe siècle et remanié au XVIIIe, avait été reconverti en bibliothèque en 1910.
En 1974, profitant du déménagement de la Bibliothèque municipale sur son nouveau site de la Part-Dieu, les archives des XIXe et XXe siècles quittent à leur tour l’Hôtel de Ville : les archives de la Ville sont désormais réunies au Palais Saint-Jean.
Mais les capacités de stockage sont très vite atteintes. Sans parler du risque majeur d’incendie dû à la présence d’une cour intérieure transformée en silo métallique de bibliothèque depuis 1911, dénommée la « cage » et équipée de rayonnages en bois.
À la fin des années 1980, pour faire face à ces difficultés et à la faveur des travaux de percement du métro sous l’avenue Adolphe Max, il est projeté de convertir l’excavation nécessaire au tunnelier de la Semaly en local de stockage.
A la Confluence
Cette solution n’est finalement pas retenue. Le 19 janvier 1998, le Conseil municipal décide de transférer les archives sur un nouveau site, au sud de la gare de Perrache, dans un quartier en pleine évolution.
Le bâtiment retenu est l’Hôtel des Postes construit en 1905 par l’architecte Jean Clapot à l’angle des rues Gilibert et Dugas-Montbel. Reconverti en 1939 en centre de tri postal, il ferme définitivement en 1993 après l’ouverture du centre de tri de Saint-Priest.
Sa réhabilitation est menée par l’architecte Albert Constantin – Atelier de la Rize. Le projet architectural privilégie 4 approches : la sécurité de la conservation des documents, une large ouverture sur l’extérieur, une adaptation aux nouvelles technologies et la rationalisation des espaces et des flux.
La livraison a lieu en 2001 ; le déménagement dure 50 jours.
En 2005 est achevée la phase 2 : la façade vitrée est ouverte sur la place des Archives.
L’installation a provoqué un afflux d’archives : 17 kml de documents sont aujourd’hui conservés aux Archives de Lyon. À quand la prochaine mue ?
Sources
- Plaquettes éditées par la Ville de Lyon (Archives municipales, Direction des Grands Travaux) (1996-2001).
- Valous (V. de), Steyert (A.), La chapelle de Saint-Jacquême ou de Saint-Jacques de Lyon, Lyon, 1881 (1C/309193).
- Bulletin municipal officiel de la Ville de Lyon n° 4745 du 2 avril 1989.
8 siècles d'archives
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Pour les 700 ans de la charte sapaudine, les Archives municipales de Lyon (AML) ont choisi de mettre en avant un texte par siècle. En plus de la charte sapaudine citée plus haut, retrouvez :