Un bâtiment réhabilité
En bref
- 1905 : construction du centre de tri postal sur des plans de l'architecte Jean Clapot.
- 1906-1993 : le bâtiment est un centre de tri postal.
- 19 janvier 1998 : le Conseil municipal de la Ville de Lyon décide de transférer les Archives municipales de Lyon (AML) dans ce bâtiment, situé au sud de la gare de Perrache dans un quartier en pleine mutation.
- 1998 : choix du cabinet d’architectes Albert Constantin – Ateliers de la Rize pour réhabiliter le bâtiment.
- Décembre 1999 : début des travaux.
- Juin 2001 : réception de la première tranche des travaux.
- Octobre 2001 : ouverture au public. L’entrée est située 18 rue Dugas-Montbel.
- 2nd semestre 2002-2005 : début des travaux de la seconde tranche. Démolition d’immeubles à l’alignement du cours Charlemagne et extension des AML.
- 2006-2010 : construction de deux nouveaux immeubles de bureaux.
- 22 novembre 2007 : l’espace dégagé par les démolitions est dénommé place des Archives.
- 6 octobre 2010 : inauguration de la place des Archives par Gérard Collomb, président du Grand Lyon et sénateur-maire de Lyon.
- 2022-2023 : travaux d'amélioration des performances énergétiques du bâtiment (isolation, climatisation, ajustements).
- Au total : 8 240 m²
- Locaux de stockage : 2 470 m² répartis en 22 magasins, pour une capacité de 20 km
- Espaces pour le public : 1 480 m²
- Bureaux et locaux du personnel : 660 m²
- Ateliers, espaces de réception et de tri des documents : 950 m²
- Locaux techniques : 1 230 m²
- Logements pour les gardiens : 300 m²
Un écrin pour les archives
Le choix de la réhabilitation
En 1998, la Ville de Lyon fait le choix de transférer les Archives municipales dans l’ancien centre de tri postal situé derrière la gare de Perrache. C’est le premier pas d’une mutation en profondeur de ce quartier derrière les voûtes.
Pourtant, le choix ne va pas de soi : dans les règles de base pour la construction et l’aménagement d’un bâtiment d’archives (4e révision, 2019), le service interministériel des Archives de France recommande d’installer les archives loin des gares, qui sont très exposées en cas de conflit, et loin des fleuves, qui en cas d'inondations peuvent provoquer des dégâts. Le quartier choisi est donc loin d’être idéal de ce point de vue.
Le choix de réhabiliter un bâtiment existant pour y conserver des archives, plutôt que d’en construire un neuf, reste également rare à l’époque. La conservation des archives implique en effet des contraintes fortes en termes de surcharge au sol, de conditions de conservation et de sécurité. Il est donc souvent plus simple et moins coûteux de prendre en compte ces contraintes dès le départ, plutôt que d’adapter un lieu à celles-ci. Le cabinet d’architectes Albert Constantin – Ateliers de la Rize, choisi pour cette réhabilitation, doit donc faire face à un véritable défi.
La première phase de travaux comprend plusieurs enjeux majeurs :
- retrouver l’harmonie initiale du bâtiment de Jean Clapot. Il faut pour cela détruire les ajouts effectués au fil du temps pour les usages du centre de tri postal, notamment dans la cour intérieure. Il s’agit aussi de retrouver l’ordre architectural des façades d’origine donnant sur les rues Dugas-Montbel au nord et Gilibert à l'ouest : les encadrements, frontons, moulures et chapiteaux sont rétablis tels que Clapot les avait dessinés ;
- évider l’aile sud du bâtiment et la reconstruire pour y installer les locaux de stockage, appelés aussi magasins. L’aile est entièrement reconstruite et doublée d’une seconde peau de béton architectonique, afin de proposer 4 niveaux de magasins. La plupart sont équipés de rayonnages mobiles, qui nécessitent 1 300 kg au m² de surcharge au sol : c’est deux fois plus qu’en bibliothèque !
De bonnes conditions de conservation et de sécurité
Au Palais Saint-Jean, les archives étaient conservées dans des locaux inadaptés et saturés. Les risques de dégradations, voire d’incendie, étaient avérés. Il fallait donc proposer de meilleures conditions de conservation et de sécurité pour ce patrimoine.
Plusieurs facteurs causent des dégradations, parmi lesquels :
- la lumière tout d’abord, qui décolore les documents et en dégrade les supports. Il n’y a donc pas de fenêtre dans les 22 locaux de stockage. L’éclairage y est réduit au strict minimum grâce aux minuteries ;
- la poussière bien sûr, qui est limitée par l'utilisation de filtres à charbon pour les entrées d'air neuf ;
- les variations brusques de température et d’hygrométrie relative (qui est le pourcentage de saturation de l’air en humidité), très néfastes aux archives : elles créent des chocs thermiques sur les matériaux et peuvent dans certains cas déclencher le développement très rapide de moisissures. Le système de ventilation et de climatisation maintient donc une température d’environ 18-20°C et une hygrométrie relative de 45-50% dans la plupart des locaux de stockage. Les magasins dédiés aux photographies et aux supports audiovisuels sont conservés à des températures et hygrométries plus basses.
Les documents moisis ou infestés par des insectes sont conservés dans un local d’isolement, afin d’éviter de contaminer les autres. Les cas les moins graves peuvent être traités en interne par les restauratrices. En revanche, les cas les plus graves sont envoyés en désinfection auprès de prestataires spécialisés.
En ce qui concerne la sécurité, plusieurs mesures ont été mises en œuvre :
- les gardiens assurent une présence permanente sur place, ce qui permet une surveillance des conditions de conservation et une prévention des intrusions ;
- les accès aux différents types de locaux sont contrôlés par des badges ;
- pour lutter contre l’incendie, les solutions préventives ont été privilégiées : système de coupure d’électricité, détection précoce, nombreux extincteurs et surveillance renforcée lors des travaux.
Des espaces bien définis
Dans un service patrimonial, les circuits des publics, du personnel et des documents sont organisés avec soin, afin d'anticiper les usages sans mettre en danger le patrimoine conservé. Le bâtiment des AML répond à ces exigences en proposant des locaux bien définis.
Pour les publics :
- une salle de lecture de près de 500 m² au 1er étage, destinée à la consultation des archives. Elle propose 80 places, dont 40 pour les originaux et 40 pour les documents numérisés et microfilmés. 2 espaces vitrés sont réservables pour des travaux sans consultation d’originaux. La description des archives est accessible sous forme d’inventaires papier et de base de données, qui est consultable en grande partie sur le portail de recherche. Des ouvrages et revues sur l’histoire de Lyon sont également disponibles en libre accès ;
- 1 salle pédagogique au rez-de-chaussée pour accueillir les scolaires et les formations ;
- 2 salles d’exposition au rez-de-chaussée : une de 350 m² dans l’ancienne cour du centre de tri postal, une plus petite dans le hall ;
- 1 salle de conférences de 130 m² qui peut accueillir 110 personnes. Elle est équipée d’un vidéoprojecteur et d’un système pour enregistrer les intervenants.
Pour le personnel :
- des bureaux, une salle de réunion et une cuisine à l’entresol ;
- une salle de tri de 240 m² pour trier et classer les documents ;
- un atelier de restauration et un atelier photographique ;
- des locaux techniques ;
- des appartements pour les gardiens.
Pour les documents :
- 22 locaux de stockage ou magasins, pour une capacité de 20 km linéaires ;
- 2 magasins au niveau de la salle de lecture pour les documents de grands formats (maquettes, cartes, plans affiches), pour une consultation en magasin de documents dont le déplacement pose problème, sous surveillance d’une personne du service ;
- aucun autre accès public à ces locaux sans autorisation, sauf lors de visites encadrées par du personnel.
Ouvrir le bâtiment sur le quartier
Lors de l’ouverture au public des AML en 2001, le bâtiment réhabilité reste enclavé dans un pâté de maisons à l’angle du cours Charlemagne et de la rue Dugas-Montbel. L’entrée se fait donc le long des voies de chemin de fer, au 18 rue Dugas-Montbel.
La seconde phase des travaux, qui débute en 2002, vise à ouvrir les AML sur le quartier en dégageant l’espace à l’est du bâtiment. Grâce à la démolition des immeubles contigus, le pignon en pierre meulière dessiné par Clapot délimite désormais le bâtiment à l’est. L’aile sud, dédiée au stockage des documents, est prolongée à l’est fin 2004 : on peut ainsi agrandir certains locaux de stockage, aménager de nouveaux bureaux pour l’équipe et proposer une salle dédiée aux ateliers scolaires au rez-de-chaussée. La façade en verre est construite au début de 2005 : la verrière protège le pignon est sur toute sa longueur et vient s’appuyer sur l’extension en béton. Le mur qui séparait le hall de l’accueil est percé le 6 avril 2005.
De nouveaux immeubles sont construits au sud de la future place, de part et d’autre du cours Charlemagne. L’espace dégagé est dénommé place des Archives en 2007 et inauguré le 6 octobre 2010. A cette occasion, le plan de la place des Archives (2767W/13) est remis par Gérard Collomb, président du Grand Lyon et sénateur-maire de Lyon, à Anne-Catherine Marin, directrice des AML.
Le bâtiment, très bien desservi par le train, le métro et le tramway, vit désormais au rythme des aménagements du quartier :
- inauguration du campus Saint-Paul de l’Université catholique de Lyon (UCLy) sur le site des anciennes prisons Saint-Paul et Saint-Joseph le 8 octobre 2015 ;
- inauguration le 30 septembre 2020 de la nouvelle entrée sud de la gare de Perrache ;
- démolition en février 2021 des escalators de la gare de Perrache du côté du cours Charlemagne ;
- réouverture le 21 juin 2021 de la voûte ouest avec les fresques murales de la Cité de la Création, inspirées pour certaines de documents conservés aux AML ;
- inauguration du passage France-Péjot (voûte ouest) par Jean-Michel Jarre, son fils.
Projet
- Bâtiment des Archives municipales, 1 place des Archives (ou 18 rue Dugas-Montbel), études, aménagement du bâtiment, aménagement et inauguration de la place des Archives, organisation du déménagement (1986-1998, 2767W/3-15) ;
- Archives municipales (EI n°02209), aménagement : 7 planches-projets (1998, 2594W/21). Ces planches ont été numérisées. Les images seront prochainement consultables sur place uniquement, afin de respecter les droits patrimoniaux des architectes.
- Archives municipales, réhabilitation de l'ancien bâtiment de tri postal.- Marché du lot 1 tranche ferme, société Pitance : mémoire en réclamation, pièces annexes (1998-2006, 2755WP/1).
Permis de démolir
- 14/1999 : 18 rue Dugas-Montbel 69002 (1999, 2163W/138).
- 92/2000 : 28 rue Dugas-Montbel 69002 (2000, 2213W/175).
- 131/2002 : 22-24 rue Dugas-Montbel 69002 (2002-2003, 2406W/89).
Permis de construire (PC)
- 61/1999 : Archives municipales 18 rue Dugas-Montbel 69002 (1999-2002, 2163W/10).
- 42/2002 : Archives municipales 18 rue Dugas-Montbel 69002 (2002, 2406W/98).
- 60/2003 : Archives municipales 18 rue Dugas-Montbel 69002 (2003-2005, 2447W/21).
Suivi du bâtiment
- Archives municipales de Lyon, Livret de présentation, AML, 2002, 12 p.
- Archives municipales, Lyon Confluence (69), AML, [2013], 6 p.