Georges Villiers (1899 - 1982)
Maire de Lyon du 20 juin 1941 au 13 janvier 1943
René Georges Villiers est né le 15 juin 1899 à Charbonnières-les-Bains. Il est le dernier des quatre enfants d’Henri Alexandre Villiers, ingénieur des Mines, et Marie Louise Mathilde Favier de Lachomette.
Après des études au lycée Ampère puis au lycée du Parc, il s’inscrit en classe de mathématiques au lycée Louis-le-Grand.
Mobilisé en mars 1918 dans le 84e régiment d’artillerie lourde, il est reçu à l’examen d’élève officier. Il choisit alors le 10e régiment d’artillerie de campagne et participe aux derniers mois de la Grande Guerre sur le front vers St-Dié.
Après la signature de l’armistice, il part pour Fontainebleau suivre les cours de l’École d’artillerie. Puis il passe 2 ans à l’École supérieure des Mines de St-Etienne, de laquelle il sort diplômé en 1922.
L’industriel
À 23 ans, il commence sa carrière d’ingénieur dans la Société lyonnaise de construction métallique Derobert & Cie.
En 1924, il épouse Florence Aynard, petite-fille du banquier et homme politique lyonnais Edouard Aynard. De ce mariage naissent 4 enfants : Monique, Gérard, Hubert et Raymond.
Très vite, Georges Villiers s’émancipe de la société Derobert & Cie et, grâce à des capitaux familiaux, fonde en 1926 une nouvelle société à Gerland : Constructions métalliques et entreprises. Son oncle en est président, lui-même étant administrateur délégué. Il en devient le PDG en 1937, avec Régis Mortamet comme Directeur général. Il quitte la direction de son entreprise en 1974.
Il se veut un patron social, proche de ses ouvriers, sans pour autant abandonner son mode de vie de grand bourgeois résidant boulevard des Belges.
Le Maire
Georges Villiers vient tout juste de mettre un pied dans la politique quand il est nommé maire.
Octobre 1940. Vraisemblablement pour son anticommunisme, son militantisme patronal et sa sympathie pour certaines valeurs pétainistes, Georges Villiers est nommé membre de la Délégation spéciale de Lyon instituée par décret du 20 septembre 1940 et présidée par Georges Cohendy.
En mai 1941, c’est en tant que membre de la délégation spéciale de Lyon, alors en zone libre, qu’il se rend à Vichy pour défendre les libertés municipales. Il y rencontre François Darlan, chef du gouvernement de Vichy, qui accorde le maintien d’un conseil municipal et lui propose le poste de maire (Georges Cohendy, jugé trop démocrate, a été renvoyé). Ce n’est qu’après avoir obtenu l’assentiment d’Édouard Herriot que Georges Villiers accepte la proposition de Darlan. Il est nommé Maire de Lyon par arrêté ministériel du 20 juin 1941. Le Conseil municipal, désigné le 2 juillet, est installé le 10. Alfred Scheer est nommé chef de cabinet.
À la fin de l’année 1942, après l’occupation de la zone libre, Vichy procède à un renouvellement du conseil municipal de Lyon. Réticent à adhérer aux principes collaborationnistes et même soupçonné de faits de résistance, Georges Villiers est révoqué le 31 décembre et le conseil municipal dissous le 14 janvier 1943.
C’est au cours de cette période que la Ville de Lyon a notamment :
- accordé son parrainage à la Ville de Brest (8 décembre 1941) ;
- ouvert le chantier du déblaiement de l’odéon ;
- repris en gestion directe le Grand Théâtre et le Théâtre des Célestins ;
- participé à l’aménagement du Tata sénégalais de Chasselay inauguré le 8 novembre 1942 (fourniture du dallage).
N’ayant pas été un maire élu, Georges Villiers n’a pas son médaillon dans la cour de l’Hôtel de Ville.
Le résistant
Georges Villiers semble avoir basculé dans la Résistance à l’automne 1942. Il semble bien correspondre au concept de « vichisto-résistant » développé par Laurent Douzou et Denis Peschanski1.
Il aurait profité de ses fonctions de maire pour faciliter l’établissement de faux papiers et organiser la collecte de fonds pour les maquis du Vercors et de la Haute-Savoie.
Il aurait également organisé le réseau destiné au renseignement et au ravitaillement des patriotes français emprisonnés par les Allemands au fort Montluc.
Arrêté le 6 juin 1944 par la Gestapo, il a été détenu à la prison Montluc et interrogé par Klaus Barbie. Il a ensuite été déporté au camp de concentration de Dachau puis à Neckarelz pour travailler dans une mine avant de revenir à Dachau travailler sur l’aérodrome de Munich.
Après avoir miraculeusement échappé plusieurs fois à la mort (mitraillettes nazies au fort Montluc, « train de la mort », camp d’extermination, conditions de vie à Neckarelz, « marches de la mort », typhus), Georges Villiers est ramené en France par sa fille Monique au début du mois de juin 1945.
Le militant patronal
Georges Villiers perd sa première épouse au cours d’une ascension dans le massif du Mont-Blanc en août 1935. Dans ses mémoires, il explique lui-même que là se trouve la source de son engagement militant : « J’ai accepté la responsabilité de la Chambre syndicale des métaux de Lyon parce que frappé par un deuil cruel, j’avais senti la nécessité de me plonger dans l’action pour retrouver mon équilibre ».
En 1938, il fonde l’Association métallurgique de prévoyance (AMP), devenue depuis le groupe Apicil.
Mobilisé à nouveau en 1939, il représente le ministère de l’Armement auprès des industriels lyonnais chargés des fabrications de guerre. Il apporte le soutien du patronat français à la remise en route de l’économie nationale et milite pour le Marché commun.
Il s’engage en faveur de l’enseignement technique en étant à l’origine de l’école du boulevard des Hirondelles (Lycée des Tchécoslovaques) et de l’école de la rue Dedieu à Villeurbanne en 1940 (devenue ensuite lycée technique d’État puis IUT B, à l’origine de l’IUT de Lyon 1).
Le 12 juin 1946, il devient le premier président du CNPF créé le 21 décembre 1945. Il est resté à la tête de cette organisation jusqu’en 1966.
Il épouse en secondes noces Andréa Denise Derine à Melun en 1955. De ce second mariage naissent deux enfants.
Honneurs
Georges Villiers a été promu chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur en 1947, avant d’être promu commandeur en 1967 et grand officier en 1976.