Collecter
En chiffres (2023)
- plus de 300 agents formés.
- 170 interventions dans les services municipaux (conseils, collecte, tableaux de gestion, sinistres)
- 170 mètres linéaires d'archives papier et 600 Go d’archives électroniques collectés
- 1300 mètres linéaires d’archives publiques papier et 140 Go d’archives électroniques éliminés.
Cette présentation est consacrée à la collecte des archives publiques. Pour la collecte et le traitement des archives privées, voir cette page.
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La collecte, entre règlementation et persuasion
De quoi parle-t-on ?
Dans les services de la Ville de Lyon, les archives s’enrichissent en continu au fur et à mesure des activités des élus et des 8 000 agents. Elles sont aujourd’hui le plus souvent mixtes – archives papier et électroniques - ou entièrement électroniques.
Ces archives sont dans les services qui les ont produites tant que les dossiers restent d’actualité, ou qu’ils peuvent encore servir pour le suivi. Les producteurs en sont responsables et ils doivent mettre en œuvre des moyens pour les organiser. Quand des dossiers d'archives ne sont plus d’actualité mais restent utiles, ils sont transférés dans des locaux de préarchivage. La Ville de Lyon en compte aujourd’hui une trentaine, pour environ 6 kilomètres linéaires.
Accompagner les services
La bonne gestion des dossiers dans les services est indispensable pour retrouver rapidement des informations : une délibération, un arrêté de nomination, l’analyse d’offres d’un marché public, la convention avec un partenaire, l’acte d’acquisition de terrain, le dossier des ouvrages exécutés (DOE) d’un bâtiment de la Ville de Lyon, etc.
Les archivistes chargés de la collecte aux AML accompagnent les services tout au long du processus d’archivage. Ils forment les agents de la Ville de Lyon aux principes de l’archivage papier et électronique. Les agents municipaux sont sensibilisés aux aspects juridiques des archives publiques, qui impliquent notamment de ne pas éliminer de documents sans autorisation. Ils disposent à la fin de la formation de conseils pratiques et peuvent participer en complément à des ateliers pratiques, afin de préparer matériellement ou intellectuellement leurs dossiers papier ou électroniques. Ils peuvent ainsi mettre en place un plan de classement ou une arborescence, ou encore rédiger des listes de description. La formation s’achève par une présentation de documents remarquables, qui leur permet de prendre conscience de l’importance de bien gérer les archives si l’on veut retrouver un dossier précis parmi 17 km de documents stockés aux AML !
Le pôle collecte des AML anime également un réseau de correspondants archives, qui regroupe 70 agents référents. Dotés d’une formation plus approfondie, ils sont les interlocuteurs privilégiés pour l’archivage dans leur service et auprès des AML. Ils gèrent aussi les demandes de prêts de dossiers produits par leur service, quand ils sont déjà archivés aux AML.
En amont, les archivistes réalisent, en coopération avec les services, un outil de bonne gestion des archives appelé tableau de gestion. Cet outil liste l’ensemble des documents produits dans le cadre des activités de chaque service, qu’ils soient sous format papier ou électronique. Pour chaque document, on précise :
- la durée de conservation dans les bureaux : c’est la durée d’utilisation administrative ;
- ce que va devenir le document à terme, c’est-à-dire le sort final : conservation définitive, tri chronologique ou alphabétique, élimination ;
- les textes réglementaires qui justifient ce choix ;
- des observations complémentaires quand par exemple aucun texte réglementaire n’existe, ou que les AML préfèrent conserver au lieu de trier.
C’est ce tableau qui sera utilisé par les agents des services pour organiser correctement leurs dossiers et préparer les listes appelées bordereaux de conservation ou bordereaux d’élimination.
Le travail collaboratif qui aboutit à ces référentiels de tri fait partie des missions importantes de l’archiviste, qui doit alors combiner plusieurs compétences : être un peu documentaliste pour la partie recherche de documentation, administrative ou juridique et pour la compréhension des missions des services, un peu psychologue quant à l’écoute des agents des services, un peu diplomate quand il s’agit de dire, textes réglementaires à l’appui, que tous les dossiers seront sans doute à éliminer, etc.
Pour être efficaces, les tableaux de gestion doivent bien sûr être régulièrement mis à jour, afin de les adapter à l’évolution des activités, des supports et des règlementations.
L’art du tri
Trier les archives, c’est distinguer celles qui seront à détruire pour environ 80% de la production documentaire, de celles qui seront à conserver, environ 20 %. Plusieurs critères de tri sont utilisés :
- parmi les nombreuses copies d’un même dossier effectuées dans le cadre de son instruction, il s’agit de conserver l’exemplaire original. Ce dossier « maître » doit garantir l’authenticité et l’intégrité des documents, afin d’établir la preuve d’un acte si nécessaire ;
- de nombreux documents sont soumis à des délais légaux de prescription, au bout desquels ils ne peuvent plus servir de preuve. C’est par exemple le cas des dossiers d’entreprises non retenues lors d’une offre de marché public, qui peuvent être éliminés au bout de 5 ans ;
- les informations peuvent parfois se retrouver dans d’autres documents : les factures peuvent ainsi être légalement éliminées au bout de 10 ans, mais la liste des dépenses et recettes se retrouve dans le grand livre comptable.
Les consignes de tri réglementaires sont valables dans tous les services d’archives en France. Pour autant, les pratiques peuvent être différentes d’un service à l’autre.
Ainsi aux AML, les dossiers de carrière du personnel ont tous été conservés depuis ceux créés à la fin du XIXe siècle et jusqu’à aujourd’hui, alors qu’ils pourraient faire l’objet de tri comme le préconisent les différentes textes réglementaires. En effet, au-delà de leur raison d’être purement administrative, c’est un ensemble cohérent qui peut permettre de faire des recherches sociologiques, généalogiques ou historiques, reflétant des thèmes aussi divers que les anciens et les nouveaux métiers de la fonction publique, l’arrivée des femmes dans l’administration, les propositions d’emplois pour les populations immigrées, etc.
Le tri est principalement effectué en amont dans les services lors des opérations d’archivage. Cependant lors du contrôle des arrivées d’archives à conserver, des tris complémentaires peuvent être réalisés par les archivistes. Les dossiers proposés au tri sont listés dans un document appelé bordereau d’élimination, rédigé en 4 exemplaires. Il reçoit 3 visas : celui du responsable du service producteur, celui des AML et celui du directeur des Archives du département du Rhône et de la Métropole de Lyon (ADRML) qui représente l’Etat et exerce un contrôle scientifique et technique sur toutes les archives publiques dans le périmètre du département.
Pour les archives papier, un contrat est passé avec une société qui garantit une destruction irréversible, sans risque pour les informations contenues dans les dossiers. Les AML travaillent avec une société qui pratique le recyclage de ces dossiers. Pour les archives électroniques, les fichiers proposés à l’élimination sont regroupés dans un répertoire dédié et une fois le visa obtenu, ils sont supprimés par le service producteur ou le service informatique. Dans le cas des bases de données contenant des informations à caractère personnel et définies comme devant être détruites, il est particulièrement important de s’assurer de la bonne gestion des éliminations.
Le tri des archives publiques est donc très encadré. L’inflation documentaire récente le rend encore plus indispensable, afin de gérer au mieux les espaces de stockage dans les services de la Ville de Lyon et aux AML. Il est naturel que cette pratique suscite des interrogations, voire des inquiétudes, de la part des citoyens comme des historiens. Après tout, de nombreux documents du passé sont étudiés dans des perspectives très différentes de leur but initial. Les archivistes sont conscients de leur responsabilité et dialoguent avec les différents usagers. Il est important d’être le plus transparent possible sur cette pratique et de l’adapter si nécessaire.
Une fois que les documents destinés à être éliminés ont été repérés et mis à part, les services producteurs dressent la liste de ceux qui doivent être conservés : il s’agit du bordereau de versement, qui fera l’objet d’un suivi jusqu’à sa rédaction définitive et sa validation par les archivistes.
L’archiviste va alors corriger, contrôler et valider ces listes pour lesquelles il devra développer ses capacités d’organisation et parfois de curiosité. Il faut en effet rendre cohérentes et lisibles par des non-initiés des descriptions parfois trop techniques, trop administratives, ce qui l’entraîne souvent à faire des recherches pour mieux comprendre une action administrative ou un contexte historique.
Transférer les documents aux AML
Le transfert des documents est ensuite organisé par les AML, avec l’aide de l’équipe technique. Parfois stockées dans des locaux peu accessibles, les archives nécessitent une bonne forme physique des agents chargés du transfert ! Les AML deviennent responsables dès leur arrivée des documents transférés, regroupés en ensembles cohérents appelés versements. Un versement regroupe plusieurs dossiers d’un même service, sur une période et un sujet définis.
Même s’ils sont bien préparés, tous les versements sont soigneusement contrôlés par les archivistes du service collecte : nombre de boîtes, comparaison entre la description et le contenu, tri complémentaire et importance du classement à prévoir. Les versements passent ensuite à l’étape suivante, de contrôle et de classement.