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Juin 1940 - Regards croisés

Photo de la place des terreaux en juin 40 (détail) - 3ph397

Édouard Herriot (EH), alors Maire de Lyon et Président de la Chambre des députés, est à Bordeaux. Il ne peut quitter le gouvernement.
Il a laissé les clés de la Ville à Georges Cohendy (GC), son Premier adjoint.
Chacun a raconté ces journées.

Leurs témoignages sont conservés dans les fonds privés des Archives de Lyon.

Celui d’Édouard Herriot (1), des notes prises au jour le jour, couvre la période du 9 juin au 26 juin.
Celui de Georges Cohendy (2), rédigé vingt ans plus tard sur commande pour être lu devant l’Académie des Sciences, belles-lettres et arts de Lyon sous le titre « Souvenirs d’un otage », concerne la période du 14 juin au 6 juillet.

Ils sont ici retranscrits et synchronisés sur la période du 14 au 23 juin.
A l’exception de quelques ajouts, entre crochets, destinés à faciliter le récit, les mots sont les leurs.

 

Récit à deux voix

 

Lyon est occupée, une croix gammée a été accrochée au balcon de l’Hôtel de Ville. Juin-juillet 1940 Négatif sur verre, détail - 3PH/397
Lyon est occupée, une croix gammée a été accrochée au balcon de l’Hôtel de Ville. Juin-juillet 1940 Négatif sur verre, détail - 3PH/397

 

Vendredi 14 juin

[L’armée allemande entre dans Paris].

EH : Avant de quitter Tours, Mandel (3) donne [à Herriot] les échos du Conseil de la veille.
Route vers Bordeaux.

GC : Il fallait aux Allemands au moins 4 ou 5 jours, même s’ils ne rencontraient pas de résistance très efficace, pour descendre à Lyon.
[Cohendy] savait qu’il fallait prendre les dispositions nécessaires : les établissements scolaires venaient d’être fermés.

 

Samedi 15 juin

EH : [Herriot] rencontre Darlan (4). Conférence chez Mandel. [Herriot se rend] chez Reynaud.
Et choisit la méthode hollandaise (5).

GC : [A Lyon,] le Préfet et [Cohendy] organisent les mesures d’évacuation des enfants de l’agglomération lyonnaise et du Département : car Lyon n’avait pas encore été déclarée « ville ouverte ».
Un avis fut donné à la population, pour inviter les parents qui le pouvaient à envoyer individuellement leurs enfants à la campagne.
Pour tous les autres, un plan d’évacuation et d’hébergement fut mis sur pieds.

 

Dimanche 16 juin

EH :

  • 9 heures. [Herriot] et Jeanneney (6) confirment leur opinion à Reynaud.
  • 10 heures. [Herriot] dit à Reynaud : « J’aime mieux être fusillé par les Boches que méprisé par les Français ».
  • 11 heures. [Ils] donnent un avis favorable au transfert du gouvernement et à la continuation de la guerre.
  • 17 heures. Au cours du Conseil des Ministres, Reynaud lit la réponse de Roosevelt offrant l’aide américaine et communique la note anglaise offrant la fusion politique, économique et financière des 2 peuples. Il constate que sa politique de résistance est mise en minorité et annonce sa démission.
  • 17 h 30. [Herriot] demande à Mandel, de toute urgence, l’évacuation de Lyon.
  • 21 heures. [Herriot], Reynaud et Jeanneney [se réunissent] chez Lebrun (7). La proposition Chautemps (8) a été votée par la majorité du Conseil. Alors qui [pour la mener] ? [Herriot] a bien l’impression que c’est le maréchal qui va être appelé.

Dans la nuit, le maréchal entre chez Lebrun avec sa liste toute prête.

GC : [Pendant ce temps-là], le plan d’évacuation des petits Lyonnais est mis à exécution.
Cette opération délicate se passa dans l’ordre : aucun enfant ne s’égara, aucun ne se substitua à un autre. Car de pareils malheurs inquiétaient Cohendy : aussi avait-il recommandé aux maîtres des écoles lyonnaises de fixer au poignet de chaque enfant un bracelet avec une plaque portant son nom et son adresse.

 

Lundi 17 juin

EH : Au matin, [Herriot] reçoit un appel téléphonique de sa femme, puis de Cohendy, Thibault et Mandon (9).
A 8 h 30, [nouveaux appels], qu’il croit les derniers, de Bollaert et de sa femme. Elle lui dit qu’il a bien fait son devoir et qu’elle l’aime beaucoup. Bollaert lui annonce pour plus tard de grosses difficultés. Les Allemands seraient à Villefranche. Mâcon ne répond plus.

GC : [A Lyon, Cohendy] est surpris par un coup de téléphone inquiétant. D’une sous-préfecture d’un autre département du nord de Lyon, on l’avise que le gros des forces allemandes est entré dans la ville, s’y est livré aux pires exactions et est reparti en direction de Lyon, où il arrivera dans quelques heures.
[Cohendy] est affolé, n’ayant pas encore pris toutes les dispositions nécessaires.
Aussi se renseigne-t-[il] avec plus de précision.
Et [il] apprend qu’il n’y avait pas le moindre tank allemand à l’horizon de cette ville. Mais un sous-préfet trop prudent, craignant des massacres, avait donné la liberté à tous, en faisant ouvrir prisons et asiles d’aliénés. Et c’était un échappé d’une maison de santé qui, atteint de la folie des grandeurs et se prenant pour le sous-préfet lui-même, avait donné cet insolite coup de téléphone.
Aussi [Cohendy] reprit-il méthodiquement ses préparatifs.
Il fallait éviter que l’armée allemande ne trouvât des approvisionnements qui lui étaient utiles et se ravitaillât aisément. Sans aller jusqu’à la pratique de la terre brûlée, [Cohendy] a observé celle de la dispersion et au besoin celle de la destruction.
Tous les stocks de denrées d’alimentation que possédaient les collectivités et les particuliers ont été dispersés hors de Lyon : il en fut ainsi de la farine, des légumes secs, des pâtes alimentaires, des pommes de terre, du chocolat, du vin, etc.
Quant aux stocks d’essence, dont le besoin était pourtant grand, il a fallu, la mort dans l’âme, se résoudre à les faire disparaître. Les cuves des garagistes, des collectivités et des grandes entreprises ont été vidées dans les égouts. Certains stocks ont même été brûlés.

 

Mardi 18 juin

EH :

  • Minuit et demi. [Herriot] reçoit un coup de téléphone de Bollaert. On va défendre Lyon donc la faire bombarder. On doit détruire 38 ponts. Il faut obtenir à tout prix que Lyon, non évacuée, soit déclarée ville ouverte. Le général Hartung (10) ne s’y oppose pas car Lyon ne peut tenir qu’une heure (11). [Herriot] part à la présidence du Conseil. Aucun bureau ouvert. Personne au Ministère de la défense nationale qui est dans le même immeuble. Impression d’un pays mort. Alerte. On [le] pousse dans une cave sans lumière. Pas moyen d’avoir une adresse. Enfin, [il] obtient l’adresse privée du maréchal. [Il] y court malgré les agents qui sifflent sa voiture. Accueil cordial. Le maréchal [le] reçoit dans son lit et accepte que Lyon soit traitée comme ville ouverte. Le général Bineau (12) téléphone au général Weygand (13) puis à Bollaert. [Herriot] dit adieu à Bollaert et [lui] confirme par un télégramme la décision prise.
  • [Herriot] rentre à 3 heures du matin.
  • 8 h 10. [Herriot est au] téléphone avec Bollaert qui [lui] dit que la DCA commence à tirer.
  • 8 h 30. [Herriot] téléphone à Thibault et lui résume sa nuit dramatique. Lui aussi est content que l’on évite un massacre inutile. Précis, méticuleux, il [lui] demande encore, avec sa conscience ordinaire, des instructions et des points de détail.
  • 9 h 10. [Herriot] peut encore téléphoner à Thibault et à [son] adjoint Cohendy. Il confirme [à ce dernier] qu’il faut empêcher les entrepreneurs de faire sauter les ponts. L’ennemi, [lui] dit-il, est tout proche. Comme [Herriot] lui manifeste son chagrin de ne pas être à Lyon, Cohendy a la gentillesse de [lui] dire « Vous nous rendez trop de services. L’exemple de cette nuit le prouve ». Toute ville qui résiste est brûlée, Lyon l’a échappé belle.
  • 10 heures. [Herriot reçoit un nouvel appel] de Bollaert.
  • 14 h 55. [Herriot] communique avec le général Bineau qui [lui] téléphone la note suivante : « Les dispositions prises pour Lyon sont conformes à celles prises de Paris, dispositions qui ont permis la protection de la ville. D’autre part, la ligne établie dans le Rhône est analogue à celle établie pour Paris afin de signaler l’arrivée des Allemands. Dispositions prises par le général Weygand qui a donné des ordres en ce sens ».
  • Dans la presse, message de Churchill amical pour la France.
  • 19 h 20. [Herriot s’entretient] au téléphone avec Bollaert qui dit qu’il a eu une journée très dure.

GC : [A Lyon,] il était nécessaire aussi de faire disparaître tous les documents qui devaient être soustraits à la connaissance des allemands, ainsi que tous les écrits ou affiches injurieux pour les futurs occupants.
Aussi les chaudières de la Préfecture et de l’Hôtel de Ville ont-elles fonctionné à plein en cet étouffant mois de juin.
La tâche la plus difficile fut l’enlèvement des affiches, notamment celles du Préfet Bollaert, très vives à l’égard d’Hitler. Tous les cantonniers de la Ville furent mobilisés dans ce but et sillonnèrent toutes les rues de Lyon avec leurs seaux d’eau et leurs éponges.
Il fallait veiller à ce que tout disparut à temps.
Enfin, il fallut apaiser les esprits et combattre un vent de panique qui soufflait sur la ville, même après qu’elle fut déclarée « ouverte ». La conséquence la plus grave de cet état d’esprit était que certains patrons partirent en hâte dans la direction du Midi avec leur famille, laissant ouvriers et employés sans travail et parfois même sans règlement des salaires dus. Il fallut donc occuper ces chômeurs occasionnels et même venir en aide à beaucoup d’entre eux et à leur famille.

Notes d’Edouard Herriot sur les événements de juin 1940 - Extraits du tapuscrit, journée du 13 juin, détails - 1II/133, p. 6)
Notes d’Edouard Herriot sur les événements de juin 1940 - Extraits du tapuscrit, journée du 13 juin, détails - 1II/133, p. 6)

 

Notes d’Edouard Herriot sur les événements de juin 1940 - Extraits du manuscrit, journée du 13 juin, détails - 1II/133, p. 6
Notes d’Edouard Herriot sur les événements de juin 1940 - Extraits du manuscrit, journée du 13 juin, détails - 1II/133, p. 6

 

Mercredi 19 juin

EH :

  • Minuit et demi. [Herriot] a encore sa femme au téléphone. Ça se bat du côté de Bourg. Elle entend le canon. Elle est toujours aussi courageuse. La population est prostrée.
  • 8 h 30. Bollaert téléphone [à Herriot]. Les Allemands viennent de pénétrer dans le département. Ils sont à Monsols. Il n’y a pas eu de bataille mais Oullins a été bombardé. On a incendié le réservoir d’essence. Le pont de La Mulatière est tordu par les flammes.
  • 11 h 10. [Herriot] dicte par téléphone une proclamation aux lyonnais. [Il] entend Thibault et Cohendy au téléphone. Les allemands sont à 30 km.
  • 13 heures. [Herriot a] Bollaert au téléphone. On se bat à Limonest et à Anse. L’ordre a été donné de tenir Lyon ville ouverte et les ponts n’ont pas été coupés. On ne doit pas se battre aux lisières. Mais Caluire est compris dans le plan de résistance. [Herriot a] au téléphone le Cardinal et échange avec lui des paroles de cordialité.
  • 16 heures. Entrée des Allemands à Lyon.
  • 18 heures. Bollaert téléphone encore [à Herriot]. [Les Allemands] se sont présentés à la Poste et ont demandé une avance de 25 millions.

GC : En fin de matinée, [Cohendy] apprend, de source sûre cette fois, que Villefranche est occupée : le tour [de Lyon] ne tarderait pas.
14 h 30 : le préfet envoie [Cohendy] comme parlementaire pour attendre l’armée allemande à la limite du territoire de Lyon et prendre toutes dispositions avec son chef.
C’est vers 16 heures que les troupes allemandes pénétrèrent dans le cabinet du Préfet, mitraillettes et révolvers au poing. Le commandant fit un spectaculaire salut hitlérien à M. Bollaert, qui le reçut avec froideur et dignité.

 

Jeudi 20 juin

EH : Le poste de TSF signale que Bollaert s’occupe de la Ville et que la population est très calme. Les journaux donnent la proclamation de Bollaert.
A 13 h 15, Chautemps confirme [à Herriot] qu’il doit aller à Perpignan par la route.
Dans l’après-midi, Pomaret téléphone [à Herriot] que le départ est encore retardé.
20 heures. [Herriot] apprend qu’il passe encore à Bordeaux la nuit du jeudi au vendredi.
Bordeaux est déclarée ville ouverte.
Reynaud communique [à Herriot] le télégramme [de soutien] qu’il a reçu du président Roosevelt.

GC : En ce qui concerne l’administration de Lyon, il fallait sauvegarder les intérêts moraux et matériels des concitoyens.
[Mais Cohendy] se trouvait sous l’autorité d’une force d’occupation rigide qu’[il] ne pouvait heurter de front et avec laquelle [il] n’avait que la ressource de louvoyer, de ruser.
[Il] s’en aperçut dès les premiers jours.
[Il] avait adressé une note à la Kommandantur, demandant énergiquement que des bons réguliers de réquisition fussent délivrés par les Allemands chaque fois qu’ils appréhendaient un bien français. On [l]’envoya chercher par deux soldats allemands armés et on [le] fit comparaître devant un officier, qui [lui] reprocha violemment les termes insolites qu’[il] avait employés : « Vous ne deviez pas écrire Je demande que, ce qui est comminatoire, mais Je prie que ».
A cet officier, qui se piquait de bien parler le français, [Cohendy] répondit que c’était là des subtilités de langage. Il se trouva qu’il fut si flatté de ce qu’il prit pour un compliment involontaire, qu’il s’apaisa aussitôt et accorda tous les bons de réquisition nécessaires.

 

Vendredi 21 juin

EH : Toujours dans l’attente.
La radio italienne annonce, paraît-il, qu’[Herriot] est réfugié en Suisse.

GC : D’autres occasions furent données à [Cohendy] de détourner l’orage.
C’est ainsi qu’un officier [lui] demanda un jour de lui faire visiter le Musée des Tissus. Il remarqua avec humeur l’absence de quelques belles pièces et prétendit qu’il craignait le pillage des œuvres d’art, pratiqué jadis largement dans son pays par les armées napoléoniennes. [Cohendy] lui répondit qu’il s’agissait seulement de protéger des pièces de prix contre les bombardements. Mais comme l’officier voulait continuer à discuter et que la conversation prenait un tour dangereux, [Cohendy] détourna son attention en lui faisant observer que ces vieilles soieries n’avaient qu’un intérêt rétrospectif et qu’il serait plus intéressant de visiter une fabrique de soieries moderne où cet officier pourrait acheter de beaux tissus pour sa femme. Ce qui fut fait sur le champ : [Cohendy] avait ainsi évité de rester sur un terrain brûlant.

 

Samedi 22 juin

EH : Vers une heure, Chautemps annonce les conditions essentielles de l’armistice franco-allemand.
Il indique sommairement la ligne limite de l’occupation.
La flotte serait internée dans les ports.

GC : [A Lyon,] il fallut, les jours suivants, sauver les débris de l’armée française et éviter que des soldats soient faits prisonniers.
C’est ainsi qu’une compagnie de la Légion étrangère, qui s’était laissé enfermer dans Lyon, risquait d’être capturée. Elle fut envoyée à l’asile de nuit, où les légionnaires ont troqué leurs uniformes contre d’affreux vêtements civils abandonnés par les clochards et contre d’autres vieux vêtements qu’on leur donna.
Ils n’avaient plus leur air martial en sortant de l’asile. Mais ils avaient sauvé leur liberté.

 

Dimanche 23 juin

EH : Visite de Reynaud qui apprend [à Herriot] qu’il a accepté d’être ambassadeur à Washington.
On prétend que les Allemands sont tout près de Bordeaux.
L’ambassadeur d’Angleterre est venu prendre congé du Président de la République. Churchill a prononcé un discours violent contre le gouvernement de Bordeaux.

GC : C’est ainsi également que [Cohendy] délivrait à des officiers voulant franchir les lignes allemandes les premières fausses cartes d’identité, dont il fut fait un si large usage pendant l’occupation.
Le plus illustre de ses clients à cet égard fut le général Descour, que l’on avait peine à reconnaître, tant était grand son état de fatigue. [Cohendy] lui remit la carte d’un électeur du 1er arrondissement de son âge et qui avait disparu : ainsi celui qui devait jouer un rôle important dans l’armée secrète échappa à l’emprise ennemie.

 

Lundi 24 juin

EH : Reynaud annonce qu’il reste.
Vers 19 heures, Chautemps vient apprendre [à Herriot] que l’armistice est fait.

 

« Souvenirs d’un otage », témoignage de Georges Cohendy, 1961 Page 1, extrait - 1II/524
« Souvenirs d’un otage », témoignage de Georges Cohendy, 1961 Page 1, extrait - 1II/524

 

GC : « Bref, en utilisant des détours, moyens sans doute mineurs, mais efficaces, nous parvînmes, sans accident sinon sans incident, à la fin de cette première occupation militaire.
Mais cette défaite momentanée n’a-t-elle pas été le levier même de notre redressement ? Tant il est vrai que nul ne peut désespérer du destin de ce pays, quelle que soit la profondeur de l’abime dans lequel il ait été plongé. »

Notes 

  1. AML, 1II/133.
  2. AML, 1II/524.
  3. Ministre de l’Intérieur du gouvernement de Paul Reynaud. 
  4. Chef d’état-major des Forces maritimes françaises. 
  5. C’est-à-dire le refus de la capitulation.
  6. Président du Sénat. 
  7. Président de la République. 
  8. Consistant à demander à l’Allemagne ses conditions pour un armistice. 
  9. Cabinet du Maire de Lyon. 
  10. Gouverneur militaire de Lyon. 
  11. Sur la question de la défense de Lyon, voir aussi l’article publié dans le Bulletin municipal officiel n° 5172 du 8 juin 1997 autour de la lettre du Gal de Gaulle à Edouard Herriot – 10 juin 1940. 
  12. Directeur du cabinet militaire du maréchal Pétain. 
  13. Ministre de la défense nationale. 

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