1893, une visite des marins russes
L'alliance franco-russe
En octobre 1893, Lyon reçoit la visite de l’escadre russe. Les gouvernements souhaitaient par cette association entre la Marine française et son homologue Russe vaincre l'isolement diplomatique dont souffrait la France depuis sa défaite humiliante de 1870.
L'alliance franco-russe était d'abord un accord de coopération militaire signé entre la France et la Russie qui fut en vigueur de 1894 à 1917. Cet accord stipulait que les deux pays devaient se soutenir mutuellement s’ils étaient attaqués par un des pays de la Triple Alliance composée de l'Empire allemand, l'Autriche-Hongrie et le Royaume d'Italie. Au sens large il s'agissait d'une coopération militaire, économique et financière entre les deux puissances.
Un premier accord fut conclu de manière non officielle durant l'été 1891 par un échange de lettres entre les ministres des Affaires étrangères, à la suite de quoi une convention militaire secrète fut signée le 17 août 1892 par le général Raoul de Boisdeffre et son homologue russe le général Obroutcheff. Elle prévoyait une mobilisation mutuelle dans les deux pays en cas de mobilisation d'une des puissances de la Triple Alliance. Dans le cadre des premiers accords, une escadre de la marine française se déplace en Russie durant l'été 1891.
Durant 16 jours en octobre 1893, la flotte russe rend sa visite à la flotte française à s’arrêtant à Toulon, Paris et Lyon, donnant lieu à de grandes festivités.
La visite à Lyon
Après avoir séjourné à Paris, l’escadre russe s’arrête à Lyon le 25 octobre 1893. C’est à 8 heures du matin que le train de l’amiral russe Avellan arrive en gare de Perrache où s’est massée une foule importante. La délégation russe est alors accueillie par le préfet Rivaud et Antoine Gailleton, maire de Lyon.
Le départ vers l’Hôtel de Ville est donné vers 10h30 et Paul Boyer, dans « Le livre d’or des fêtes franco-russes », témoigne : « Ce n’est pas une petite affaire que de franchir la distance qui sépare le cours du Midi et la place des Terreaux. L’enthousiasme est indescriptible. On jette des fleurs de tous les balcons. Les mouchoirs, les chapeaux, les éventails s’agitent. A tous les coins de rues des fillettes forcent le cortège à faire halte, lisent des compliments, offrent des bouquets et se font embrasser pour la peine ».
A leur arrivée à la mairie, l’escadre russe se fait offrir des foulards de soie, un surtout composé d’une grande vasque en argent massif et une robe de velours ciselé à l’attention de l’Impératrice de Russie.
Le séjour lyonnais se poursuit par la visite du palais de l’exposition au Parc de la Tête d’Or et de nouveau par un banquet à l’Hôtel de Ville.
L’escadre russe finit sa soirée au Grand Théâtre où Alexandre Luigini, chef d’orchestre, fait jouer l’hymne russe à la fin du 2e acte de Samson et Dalila. Leur train repart vers Toulon tard dans la nuit.
La convention scellant l’Alliance franco-russe fut ratifiée par le tsar Alexandre III le 27 décembre 1893 et le 4 janvier 1894 par le gouvernement français.