Plan scénographique de Lyon
2SAT/3 - vers 1550
Ce plan dit « scénographique » représente la ville de Lyon au milieu du XVIe siècle. Au centre, un cartouche indique le nom de la ville. Il est surmonté de trois croissants entrelacés. Dans les angles supérieurs apparaissent deux anges aux côtés des armes de la ville et du Royaume de France. Sur l’un des deux cartouches vides du bas figurent les allégories du Rhône et de la Saône. Le document montre une ville repliée sur la rive droite de la Saône et la Presqu’île.
Aux alentours, des champs et des forêts s’étendent à l’intérieur et surtout à l’extérieur des remparts.
L'emplacement des murailles matérialise les limites de la ville, notamment sur la rive droite du Rhône et en haut des pentes de la Croix- Rousse (actuel boulevard de la Croix-Rousse). En regardant de plus près, on voit que ces remparts sont encore en travaux, comme sur la rive du fleuve et dans le quartier de Gorge de Loup. Le plan très réaliste est riche de représentations précises : habitations, noms des rues et des ports, saynètes de la vie quotidienne (scènes de chasse, ronde, halage de bateaux, transport, balades...).
Ce plan scénographique est le plus ancien plan réaliste de la ville. Réalisé au 16e siècle et gravé en taille douce sur cuivre, il se compose de 25 planches représentant Lyon encerclé par ses remparts entre Rhône et Saône. Les trois croissants entrelacés symbolisent le roi Henri II et Diane de Poitiers, évoquant peut-être leur rôle dans la commande ou dans la vie de l’oeuvre. Un croissant est également visible dans les mains de l’ange et sur le récent bâtiment du jeu de paume à proximité du confluent.
Néanmoins, rien ne prouve l’origine royale de la commande, aucune trace n’ayant été retrouvée à ce sujet dans les archives. Bien que les deux cartouches du bas soient restés vides, des recherches récentes ont proposé la date de 1548 au vu de l’avancée des travaux des remparts et des édifices existants. Il existe des versions identiques ou réduites de ce plan, copié à plusieurs reprises, reproduites entre le 16e et le 19e siècle.
La ville est enserrée entre ses collines et ses cours d’eau, entre Ainay et les Terreaux. Le confluent se situe juste au sud d’Ainay et se localiserait donc aujourd’hui au nord de la place Carnot. Aux Terreaux, point d’Hôtel de Ville mais un fossé et la grande boucherie de la ville. La cité est alors dirigée par le Consulat qui siège à la Maison de Charnay, située entre la rue Longue et la rue de la Fromagerie. Des îles parsèment le sud de la Presqu’île ainsi que les abords du fleuve, laissant passer les bras du Rhône à l’est. Seuls deux ponts relient la ville : le pont de Saône qui relie à l’ouest le quartier Saint-Nizier à la place du Change en s’appuyant sur un lit rocailleux, et le pont du Rhône à l’actuel emplacement du pont de la Guillotière. De ce côté du Rhône, la présence des lônes (bras du Rhône) impose une longueur de pont considérable, le faisant déboucher place du Pont (actuelle place Gabriel-Péri).
L’architecture de la ville se compose surtout de maisons basses. A Saint-Jean, les hôtels particuliers sont construits autour de cours centrales. De nombreux sites religieux parsèment le territoire (Cordeliers, Notre-Dame du Confort...). Les saynètes animent le plan de personnages qui travaillent, jouent, chassent. Les bateaux, très nombreux sur les cours d’eau (bateaux-moulins, transport de marchandises ou d’hommes), témoignent d’une cité dynamique et florissante.
C’est au 16e siècle que la cartographie urbaine se réinvente. La nouveauté réside dans la triangulation qui permet une représentation géométrale plane. Les points de vue pour les levées sont pris depuis des lieux élevés, collines, clochers, tours. Puis par la mesure entre ces points, on détermine l’échelle de l’ensemble. Cette technique fut utilisée et affinée jusqu’au 20e siècle, avant que l’apparition de la photographie aérienne et des images par satellite ne vienne révolutionner la méthode.
A cette époque, la ville est prospère, grâce notamment à son emplacement sur la route de l’Italie. Ses quatre foires annuelles rétablies par Charles VIII en 1494 se déroulent à l’Epiphanie, à Pâques, en août et à la Toussaint, attirant des marchands venus de toute l’Europe. On y échange draperies, métaux, soieries, cuirs... La population est alors estimée entre 50 000 et 60 000 habitants. Cette vie économique attire des banquiers comme les Gadagne et la vie intellectuelle s’intensifie avec notamment le développement de l’imprimerie.
DOCUMENT COMPLÉMENTAIRE : vue de Lyon prise des hauteurs de la colline Saint-Sébastien
Même si le document n’est pas daté, la présence de la passerelle Saint-Vincent indique une date postérieure à 1637. Il illustre un mode de représentation alors souvent utilisé. La vue est prise depuis les remparts de la Croix-Rousse, dévoilant la presqu’île et les cours d’eau. Dans un style idéalisé et pittoresque, les auteurs accentuent les éléments d’architecture et leur hauteur, comme pour l’église Saint-Nizier par exemple.
- Dossier : Lyon et la charte sapaudine - Traduction et analyse
Sous la direction de Louis Faivre d'Arcier, Bruno Galland et Pierre-Jean Souriac - Reproduction : Le plan scénographique de Lyon en 1550
Un des trésors les plus mystérieux des Archives municipales reproduit en fac-simile commenté