Plan de Lyon par Simon Maupin
1S/171 - 1714
La «Description au naturel de la Ville de Lyon et paisages alentours d’icelle» est originellement un plan gravé sur cuivre de 1659 dessiné par Simon Maupin et édité par Froment, marchand imagier de la rue Mercière.
Toutefois, la version présentée ici est un remaniement effectué en 1714 à partir du plan d’origine. Gravé par V. Guigout, il se compose de huit feuilles de papier collées. Son échelle est basée sur la toise du Roy et la ville est orientée à l’ouest comme cela se fait à cette époque.
Par ses détails et sa vue en perspective, il s’inspire du plan scénographique vers 1550. Il représente Lyon ainsi que les faubourgs alentours tels que la Guillotière ou Vaise. De part et d’autre, un texte vante les beautés et les atouts de la grande cité et dresse une liste des églises et monastères, ainsi qu’une table des noms de rues, places, quais, ports, portes et ponts de Lyon. Dans la partie droite du plan, deux cornes d’abondance soutiennent les armes de France et de Navarre ainsi que les blasons de grandes familles lyonnaises : François de Neuville (1644-1730), gouverneur de la ville et Maréchal de France et Alphonse de Créqui (1626-1711), Comte de Canaples. En dessous figure une vue de la nouvelle Maison de Ville. Enfin, les points cardinaux sont signifiés au niveau du lit du Rhône.
Pour décrire les espaces naturels, l’auteur distingue nettement les vignes, les champs, les bois et les jardins d’agrément. Quant à la forme générale de la ville, celle-ci a peu changé depuis le XVIe siècle. Lyon est toujours enserrée entre ses cours d’eau et regroupée autour de la Saône. Les remparts dessinent les limites : au nord aux portes de la Croix-Rousse, au sud au niveau d’Ainay, à l’est sur la rive droite du Rhône et à l’ouest aux portes de Saint-Irénée et de Vaise. De nouveaux ponts franchissent la Saône au niveau de la place Louis Le Grand (actuelle place Bellecour) et de Saint-Vincent. Deux chaînes à Vaise et à Ainay permettent de surveiller le passage des hommes et des marchandises sur la Saône. Le Rhône est toujours divisé en plusieurs bras formant lônes et broteaux et laissant peu de possibilités de construction, que ce soit en termes d’habitat ou de franchissement du fleuve. Deux grandes places sont nouvellement aménagées dont la place Louis le Grand (Bellecour) entourée de belles façades et d’une promenade arborée, au centre de laquelle trône la statue équestre de Louis XIV. Plus au nord, apparaît la place des Terreaux et son nouvel Hôtel de Ville, également construit par Simon Maupin.
La ville au XVIIe siècle se monumentalise et se dote de nouveaux équipements comme l’hôpital de la Charité ou l’Hôtel de Ville. Les places publiques participent à l’embellissement. On y dresse statues et façades monumentales, comme à Bellecour qui prend le nom du roi Louis-le-Grand et accueille sa statue (le projet date de 1686 mais la statue sera finalement érigée en 1713). En 1658, Louis XIV promulgue d’ailleurs une ordonnance concernant la place Bellecour défendant à la ville « d’en aliéner, échanger ou vendre aucune partie et d’y laisser bâtir aucune maison ou édifice pour quelque cause que ce soit ».
Le nouvel Hôtel de Ville est érigé aux Terreaux. Organisé autour de deux cours intérieures, il se dote de jardins dans sa partie orientale. Le pouvoir municipal est ainsi bien identifiable par les citoyens lyonnais. Le caractère monumental de la place est également exacerbé par la fontaine en son centre et par la nouvelle façade de l’abbaye des dames de Saint-Pierre (actuel Musée des Beaux-arts), dont la première pierre est posée en 1659.
Côté Rhône, un îlot de bâtiments renferme l’Aumône générale aussi dénommée « la Charité ». Avec la multiplication des mauvaises récoltes et la hausse des prix, le nombre de pauvres s’accroît. Une souscription est lancée par la Ville pour mettre en place « l’aumône générale », créée en 1534. Elle est chargée de la charité et de l’assistance, organise les soins pour les indigents et accueille les enfants abandonnés. Toutefois, ce n’est qu’en 1617 que le site est construit à proximité du fleuve. Comme on peut le voir sur le document, le plan en damier se compose de corps de bâtiments sobres organisés autour de grandes cours. Seul le clocher de la chapelle subsiste aujourd’hui. Alors que le Rhône ne fait encore l’objet d’aucun aménagement, les quais de Saône offrent des espaces plus larges, des marches permettent d’approcher de manière plus pratique les berges. Ainsi, la ville s’embellit tout en favorisant une circulation de plus en plus intense.
Au XVe siècle, le coeur administratif de la cité se concentre autour de Saint-Nizier. Jusqu’en 1462, deux lieux sont connus pour recevoir les différentes assemblées de la ville : l’église Saint-Nizier pour les grandes assemblées et la chapelle Saint-Jacquême, en face de l’église Saint-Nizier, où se tiennent les réunions des consuls et où sont stockées les archives de la ville. Puis en 1462, ces derniers s’installent dans la maison de Charnay, rue de la Fromagerie. L’édifice devenant trop petit, la ville fait l’acquisition de l’hôtel de la Couronne (actuel musée de l’imprimerie), rue de la Poulaillerie, et s’y installe en 1604.
Mais les échevins voient grand et décident la construction d’un nouvel édifice à la hauteur de leur charge. Simon Maupin dessine les plans d’un bâtiment monumental, représentatif du pouvoir, mais les incendies et les événements politiques retardent et modifient les plans initiaux. Le chantier se prolonge et c’est Jules Hardouin- Mansart et Tony Desjardins qui donnent à l’Hôtel de Ville le visage qu’on lui connaît aujourd’hui.
DOCUMENT COMPLÉMENTAIRE : plan de l’Hôtel de Ville et du projet de jardin y attenant, par Simon Maupin
Ce beau plan de 1651 montre la première version de l’Hôtel de Ville dessinée par Simon Maupin. On y voit la distribution des pièces ainsi que les détails des jardins à la française côté Rhône. Le plan masse est encadré par une forme de tenture scandée par les armoiries de prévôts de marchands et d’échevins.