Plan de Lyon par Daudet et Joubert
1S/90 - 1773
Ce "plan géométral de la ville de Lyon assujetti aux nouveaux alignements augmenté des quartiers neufs et enrichi des bâtiments principaux" a été dressé par Daudet et Joubert en 1773. Destiné aux marchands de la ville, il indique les noms des membres du consulat. Un cartouche donne les indications nécessaires à la lecture des dessins en élévations, illustrant les projets de la ville.
Le plan est présenté sur la base de l’échelle de toise du Roy.
La légende indique les anciennes constructions en pointillés et les nouvelles sont hachurées. Les habitations sont représentées en gris. La cité est concentrée dans la Presqu’Ile entre Terreaux et le confluent. Les habitants restent encore proches des rives de Saône et le bourg Saint-Irénée est cerné par des remparts.
L’auteur présente en rive gauche les champs et jardins, et des espaces naturels arborés. Au Nord, les remparts s’arrêtent aux portes du bourg de la Croix-Rousse, les pentes laissent place aux champs, prairies et vignes. Entre la place royale et les Terreaux, la ville s’organise autour de ruelles tortueuses sur un modèle médiéval, alors que plus au sud la ville est construite en damiers, sur le modèle de l'urbanisme géométrique. Au confluent l’île Mognat, vierge de bâtiments, s’étend au sud de la gare d’eau, percée d’un canal. Une note d’avertissement indique les changements urbains importants. On observe les monuments en élévation déjà construits, ainsi que la naissance du quartier Saint-Clair au nord de l’Hôtel de ville, projet mené par Jacques-Germain Soufflot entre 1749 et 1761.
Les eaux du fleuve sont domestiquées par des quais en construction linéaire. La rive droite du Rhône devient une promenade arborée. Le besoin de pousser les murs est illustré par le projet d’Antoine Michel Perrache qui veut repousser le confluent depuis Ainay jusqu’à la Mulatière en reliant les îles par des amas de terre : les auteurs indiquent les zones à remblayer. Tout un quartier en damiers est tracé au sud d’Ainay jusqu’à la place Louis XV (actuelle place Carnot). Des rues droites et larges sont prévues pour relier les places publiques. Le reste de l’île conserve encore en grande partie son état naturel.
Pour ses projets d'agrandissement, la cité fait appel à des architectes de renom comme Jacques Germain Soufflot pour l’Hôtel-Dieu et la place Bellecour bénéficie d’un agrément prestigieux avec une grande allée arborée. La ville se dote davantage de monuments et places publiques et consolide son statut de cité.
Parmi tous les projets, celui d’Antoine Michel Perrache est le plus impressionnant. Le projet initial prévoit d’édifier un canal permettant d’alimenter des moulins, afin d'assurer l’approvisionnement de la ville sans gêner la navigation. En 1770, un pont est relié à la Mulatière. La Ville cède des terrains mais conserve la propriété des chemins, des rues, des places publiques et d’un chemin de halage côté Saône. Perrache crée une compagnie et les travaux commencent sous le contrôle de Soufflot. Plusieurs obstacles retardent le projet : inondations, difficultés à faire fonctionner le canal, manque d’argent, multiplication des marécages faute de remblais etc. En 1782, l’entreprise est cédée au roi qui s’engage à faire réaliser les remblais et à construire le pont de pierre à la Mulatière. Les problèmes continuent néanmoins, puis la Révolution et le manque d’entretien laissent le projet au statut d’esquisse jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
DOCUMENT COMPLÉMENTAIRE : plan de distribution de la Presqu'île Perrache
Le développement général que connaît la ville au début du XIXe siècle se fait ressentir à la pointe de la presqu’île. Le chantier révèle des terrains asséchés mais construits. Un urbanisme orthonormé s’organise en grands îlots parallèles, une place publique ouvre l’espace et la gare d’eau est quelque peu déplacée par rapport au projet initial : elle trône désormais au cœur du nouveau quartier. L’ensemble offre enfin de belles promenades.