Lyon pittoresque et monumental
2S/333 - 1892
Ce plan titré «Lyon pittoresque et monumental» est une héliogravure de Félix Devaux, éditée par Pierre Reithofer et réalisée vers 1892. Il se compose de masses grises pour les îlots d’immeubles et d’illustrations représentant les grands monuments de la ville (Notre-Dame de Fourvière, parc de la Tête d’Or, préfecture...).
Les limites de la ville sont marquées par les lignes de chemins de fer à l’est avec la gare des Brotteaux, au nord par la Croix-Rousse, à l'ouest par la colline de Fourvière et au sud par le confluent. On devine une ville dense qui se développe à l’est avec la présence de nombreux ponts sur le Rhône, dont le futur pont de l’Université alors mentionné comme « pont projeté ». De nombreux bâtiments officiels et religieux essaiment le territoire et particulièrement la Presqu’île. Alors que les pentes de la Croix-Rousse montrent encore un dédale de ruelles étroites, le reste de la Presqu’île ainsi que la rive gauche du Rhône s’organisent autour de voies perpendiculaires, fruits des travaux de Claude-Marius Vaïsse (rue de la République) et de Jean-Antoine Morand (quartier des Brotteaux).
La ville se modernise et se dote de nouveaux moyens de transports : trains et tramways, tant pour les voyageurs que pour les marchandises. Â l’ouest, la nouvelle basilique de Fourvière domine la ville. Â l’est, un large espace est réservé à la caserne militaire de la Part-Dieu, alors que les anciens forts disparaissent peu à peu au profit de nouveaux aménagements. Plusieurs espaces de promenade sont aménagés : les quais du Rhône et de la Saône, la promenade des Étroits, la promenade de Saint-Rambert, le parc de la Tête d’Or et l’on prévoit la création d’un jardin botanique en face de la gare de la Mouche dans le quartier de Gerland.
Au XIXe siècle, la ville se transforme et se modernise. Les travaux de Vaïsse en 1860 ont régénéré le centre avec de larges percées rectilignes. De grandes façades néoclassiques s’élèvent à l’ouest des Terreaux autour desquels sont créées les rues de Brest et Paul-Chenavard. La ville médiévale tend donc à disparaître et les populations les plus modestes doivent se réfugier dans les communes limitrophes. L’ancien bourg de la Guillotière a laissé place à de nouveaux quartiers urbains grâce à l’endiguement du fleuve, repoussant les risques de crues régulièrement subies par cette partie de la ville. Les ponts se multiplient pour faciliter les passages et la communication d’est en ouest. Les nouveaux immeubles viennent peu à peu remplacer les maisons en pisé, les commerces et les petites industries s’y installent. Le visage de la ville ressemble alors à ce que l’on connaît aujourd’hui, mais dans un périmètre plus restreint.
Lyon se dote de nouveaux équipements modernes : le palais de la Bourse et du commerce (1855-1862), l’hôpital de la Croix-Rousse (1857-1861), la gare de Perrache (1855) remodèlent la Presqu’île reliée du nord au sud par de grandes rues (rue de Bourbon, actuelle rue Victor-Hugo, rue des Jacobins, rue de la République). Au sud, la gare à bateaux est conservée, signe d’un trafic fluvial encore existant.
Par décret du 24 mars 1852, les communes de Vaise, de la Guillotière et de la Croix-Rousse sont rattachées à Lyon. La ville peut donc s’agrandir. À la Croix-Rousse est aménagé un ensemble de vastes avenues boisées reliées par des places, tandis que les anciens remparts laissent la place au boulevard de la Croix-Rousse. On construit des résidences pour les négociants en soierie travaillant du côté des Terreaux, alors que le quartier de Vaise accueille des installations commerciales.
DOCUMENT COMPLÉMENTAIRE : plan de la Tête d’Or dessiné par l’architecte-paysagiste Bühler
Avec le développement et la modernisation de la ville, le préfet Vaïsse planifie, dans le cadre de sa politique de réaménagement, la création d’un parc. Celui-ci doit permettre à la population d’accéder à la « nature » et à un espace de respiration où elle pourra se divertir.
Contemporain de Central Park à New York, le parc de la Tête d’Or est créé d’après les plans des paysagistes suisses Denis et Eugène Bühler. Réalisé dans le style des jardins à l’anglaise, il prévoit le creusement d’un lac alimenté par les eaux du Rhône, ainsi que différentes allées permettant la promenade à pied, à cheval ou en voiture. Il est doté un peu plus tard des grandes serres, d’une roseraie et d’un jardin botanique créé à partir des plants du jardin des plantes situé sur les pentes de la Croix-Rousse.