Carte de la Guillotière et du mandement de Béchevelin
3S/51 - 1702
La « Carte de la Guillotière et du mandement de Béchevelin dont la juridiction a été conservée au présidial de Lion, par arrêt du Conseil d’Etat privé du Roy, rendu le 9e jour de mars 1701, conformément au procès-verbal dressé par M. Louis Tindo, commissaire du Roi Louis XI au mois d’août 1479», a été gravée en 1702. Le document concerne les territoires sur la rive gauche du Rhône, situés dans l'ancienne province du Dauphiné. Ce document est probablement lié à un conflit de juridiction entre le présidial de Lyon et le parlement de Grenoble concernant le bourg de La Guillotière et le mandement de Béchevelin. Au Moyen-Âge, le quartier au débouché du pont sur le Rhône portait le nom de Béchevelin. Il possédait une tour du même nom érigée en 1180, avant que le nom de la Guillotière ne s'impose.
Le plan, orienté à l'est (en haut), représente pour l'essentiel la rive gauche du Rhône, un territoire rural ponctué de fermes, de domaines isolés et de quelques villages reliés par des chemins ruraux. Le dessin des champs et haies montre l'étendue des terres cultivables. L'ensemble est peu peuplé, car le fleuve n'est pas endigué et provoque régulièrement des crues importantes. Le bourg de la Guillotière se compose de quelques maisons le long d'une rue unique. On distingue également le domaine de la Part-Dieu, ainsi que les villages et domaines de la Tête d'or, la Ferrandière, Montchat, la Madeleine et Grange Rouge.
Le mandement est délimité par les paroisses de Vaulx-en-Velin, Villeurbanne, Bron, Vénissieux et Pierre-Bénite. Seul un pont, à l'emplacement actuel du pont de la Guillotière, le relie à la presqu'île lyonnaise. Celle-ci est partiellement entourée de remparts nettement dessinés au nord au niveau de la Croix-Rousse. Les îlots d'habitation sont représentés par des hachures. Au premier plan figurent plusieurs reliefs, dont Saint-Just, Fourvière et Pierre-Scize. Le titre figure en haut à gauche et rappelle l'arrêt de 1701, la légende en haut à gauche mentionne quelques lieux.
Le plan permet de mesurer l'évolution considérable de la rive gauche du Rhône depuis le XVIIIe siècle, avec l'extension de Lyon à l'est dans le quartier des Brotteaux par Morand, le développement de la Guillotière, l'industrialisation progressive, puis l'urbanisation galopante une fois le Rhône maîtrisé. Une partie de ces terrains appartient toujours aux Hospices civils de Lyon.
L’auteur prend soin de préciser les terres cultivables : on repère les champs et les haies. Ici, les terres sont propices à une activité agricole. L’est restera un territoire consacré à la culture jusqu’à la révolution industrielle au XIXe siècle.
Au Moyen-Âge, le quartier à l’est du Rhône porte le nom de Béchevelin avant que celui de la Guillotière ne s’impose. Situé sur la rive gauche du Rhône, il est longtemps resté un territoire peu habité, même si l’on distingue quelques constructions ou même un donjon du XIIe siècle. Cette faible population s’explique par la proximité du Rhône : ce territoire est plein d’îlots appelés « broteau », mais aussi de bras morts du fleuve, les « lônes », qui s’infiltrent dans les terres et créent des crues régulières, rendant l’installation humaine difficile. Les populations se prémunissent des risques provoqués par le Rhône et s’établissent autour du bourg en restant en retrait du fleuve. Situé sur la route qui mène vers l’Italie, c’est un axe commercial majeur. C’est pourquoi on construit un pont dès le Moyen-Âge.
DOCUMENT COMPLÉMENTAIRE : vue cavalière du faubourg de la Guillotière de H. Verdier
Cette vue perspective de la paroisse de la Guillotière est dessinée depuis le domaine du Vinatier et montre la convergence des routes du Dauphiné vers le bourg de la Guillotière. Les zones aquarellées au premier plan illustrent l’activité rurale de ce territoire. Au fond se détache la presqu’île urbanisée ainsi que la colline de Fourvière.